«C’est un livre qui s’adresse à ceux qui ont fait l’expérience de la méthode ignatienne de prière: le lire sans avoir vécu cette expérience, c’est comme lire une recette de cuisine sans avoir vu ni goûté le plat que l’on veut préparer», a averti d’emblée le Père jésuite Stephan Lipke, lors de la soirée de présentation de l’ouvrage.
Directeur de l’Institut Saint-Thomas de Moscou, un centre de formation dirigé par les jésuites, il a précisé que les Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola ont été édités pour la première fois en russe dans les années 80, puis en 2010. L’ouvrage étant épuisé, il vient d’être réédité afin de répondre aux nombreuses demandes adressées aux jésuites de la région.
Officiellement, la présence des jésuites en Russie date de 1992, après la disparition de l’Union soviétique, bien que quelques compagnons s’y trouvaient clandestinement après l’annexion de la Lituanie, à la fin de Seconde Guerre mondiale. Le Père François Euvé, rédacteur en chef de la revue jésuite française Études, fut le premier représentant officiel des jésuites à Moscou entre 1992 et 1995. Il enseigna la théologie à l’Institut de philosophie, de théologie et d’histoire Saint-Thomas de Moscou.
Cette présence jésuite dans la «Région indépendante russe» reste à ce jour modeste: onze jésuites en Russie et deux en Belarus (ex-Biélorussie). Dans les faits, elle remonte à l’époque tsariste. Lorsque le pape Clément XIV a supprimé la Compagnie de Jésus en 1773 par le bref apostolique Dominus ac Redemptor, la Grande Catherine n’a pas décrété l’expulsion des jésuites des territoires qu’elle gouvernait, explique l’agence fides. La Compagnie a donc continué à exister et à prospérer sous l’Empereur Paul Ier et pendant les premières années de la régence d’Alexandre Ier, offrant des écoles publiques gratuites à des milliers d’élèves. Les jésuites ont fini cependant par être expulsés de l’Empire en 1820.
Pour des raisons historiques, la première génération des jésuites présente en Russie dans les années 1990 était d’origine allemande. Leur mission principale était la pastorale des communautés catholiques allemandes disséminées sur le vaste territoire de l’Union soviétique, de la Sibérie au Tadjikistan, suite à leur déportation vers l’est par Staline, au moment de l’invasion allemande. Les communautés d’aujourd’hui sont établies à Moscou (collège Saint-Thomas d’Aquin, qui dispense quelques cours et édite la revue Simvol), Tomsk (paroisse et établissement d’enseignement) et Novossibirsk (centre culturel).
Pays de tradition orthodoxe, la Russie compte un très faible pourcentage de catholiques parmi sa population. Ceux-ci sont surtout d’origine étrangère, principalement polonaise et lituanienne. «Les relations avec le monde orthodoxe dépendent beaucoup des lieux et du clergé local. La tradition russe est marquée par un fonctionnement «communautaire». Tant que la Mission se borne à la pastorale de sa propre communauté, aucun conflit n’est à redouter. Tout ce qui peut ressembler à du prosélytisme est source de difficultés» par contre, précise le Père François Euvé (cath.ch/fides/jesuites.com/lb)
Lucienne Bittar
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