«Cela a été une expression très claire de la volonté de l’ensemble de la population valaisanne de refuser ce projet de nouvelle Constitution cantonale», relève Pierre-Yves Maillard, vicaire général du diocèse de Sion. Dans un communiqué conjoint du 11 janvier dernier, les deux communautés ecclésiales reconnues par l’Etat en Valais (Eglise catholique romaine et Eglise réformée évangélique) avaient salué la manière dont la Constitution envisageait leur rapport avec l’Etat, tout en laissant à leurs fidèles la liberté de vote.
Le 3 mars 2024, 68% des Valaisans ont refusé le projet de nouvelle Constitution cantonale. Le rejet a été clair dans les deux parties linguistiques. «Ce qui est une bonne chose du point de vue de la cohésion cantonale», relève Pierre-Yves Maillard. Le vicaire général souligne que le diocèse s’est beaucoup engagé tout au long des réflexions de l’Assemblée constituante, conjointement avec les réformés, pour faire en sorte que le projet soumis au vote soit le meilleur possible. Il rappelle que les Églises se sont montrées satisfaites de plusieurs points retenus dans le projet de texte, mais que d’autres aspects étaient moins satisfaisants, notamment celui concernant le droit à une fin de vie «librement choisie».
«Dans un projet comme celui d’une révision constitutionnelle complète, il est impossible de parvenir à version qui suscite une adhésion unanime. Le cumul des oppositions sectorielles a sans doute joué un rôle dans le refus final du projet global», analyse le prêtre valaisan.
Le diocèse était concerné par le vote dans le sens où le chapitre 7 du texte portait sur les relations Eglises-Etat. Une acceptation de la Constitution aurait apporté des modifications à ce rapport, notamment sur le plan du financement des Eglises reconnues. Le projet prévoyait ainsi que seul l’Etat assure les moyens des Églises, et non plus les communes qui jusqu’à présent couvrent le déficit des paroisses.
Dans l’immédiat, le refus du texte n’entraîne donc aucun changement pour les Églises en Valais. L’actuelle Constitution demeure en vigueur, avec les lois et les règlements d’application qui en découlent. Le changement du mode de financement, s’inspirant du «modèle vaudois», devait en particulier permettre d’assurer au diocèse les moyens de son fonctionnement et de la pastorale régionale et diocésaine.
Un développement qui aurait eu quelques avantages, admet Pierre-Yves Maillard. Il se dit cependant persuadé de pouvoir compter sur la générosité des fidèles et les autres sources de financement du diocèse afin que ce dernier puisse continuer à assurer ses missions auprès de la population.
«Du point de vue des relations entre Églises et État, le statu quo représente aussi une bonne solution, et la situation actuelle est favorable aux paroisses, précise le vicaire général. Mais il est probable qu’à terme, la question des rapports entre Églises et État se posera de nouveau.» Pierre-Yves Maillard estime qu’une grande partie des points contenus dans le projet rejeté en votation pourront être discutés séparément au Grand Conseil. Rien n’a cependant encore été décidé quant à la marche à suivre du côté du diocèse, précise le prêtre. (cath.ch/arch/ag/rz)
Raphaël Zbinden
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