Considérés comme la huitième merveille du monde, les lieux se dégradent, avec de profondes fissures des murs, à l’intérieur et à l’extérieur, ainsi qu’au plafond. «Les fissures deviennent de plus en plus grandes. Quand il y a trop de pluies, l’eau pénètre dans l’église par les fissures du plafond. Nous avons toujours peur qu’il ne se passe quelque chose», a déclaré au magazine African Argument un prêtre des lieux, le Père Gebez Abeba. «Les fuites d’eau à l’intérieur de Biete Qeddus Mercoreus (la Maison de Saint-Mercoreos) et les fissures dans ses murs et son plafond s’élargissent», s’est-il inquiété.
L’UNESCO avait déjà donné l’alerte, en publiant en 2022, une note indiquant «des problèmes structurels» identifiés à Biet Amanuel (Maison d’Emmanuel) où «un risque imminent d’effondrement est possible». «D’autres endroits doivent être surveillés. De graves dégradations des peintures à l’intérieur des églises se sont produites au cours des trente dernières années. Les sculptures et bas-reliefs (comme à l’entrée de Biet Mariam – Maison de Marie – ont également été gravement endommagés et leurs caractéristiques d’origine sont à peine reconnaissables. Tout cela menace l’intégrité du bien».
En outre, a poursuivi l’UNESCO, les fossés de drainage ont été comblés de terre pendant plusieurs siècles, avant d’être dégagés au XXe siècle, et ont été perturbés par l’activité sismique. Cela a entraîné une grave dégradation des monuments à cause des dégâts des eaux, et la plupart d’entre eux sont désormais considérés comme étant dans un état critique. D’autres menaces dont l’empiétement sur l’environnement des églises par de nouvelles constructions publiques et privées, des logements associés au village traditionnel adjacent au bien par les infrastructures touristiques.
A ces différentes situations s’est ajouté l’Etat d’urgence que le gouvernement éthiopien a décrété en août dernier, à cause du conflit armé dans la région, entre les troupes gouvernementales et la milice d’auto-défense de l’Amhara, FANO. Ce groupe armé était allié du pouvoir pendant la guerre de sécession du Tigré, qui a duré de novembre 2020 à novembre 2022. Le conflit a opposé les soldats réguliers aux rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (FLPT) et du Front de libération Oromo (ALO). Les affrontements avaient ensuite atteint trois autres provinces: l’Afar, l’Oromia, et l’Amhara, deuxième province la plus peuplée du pays.
A cause de l’état d’urgence, le nombre des visites des sites a baissé, Lalibela étant devenue une «comme une ville fantôme», indique le directeur d’un hôtel de la ville. Or, le tourisme est l’une des sources de financements pour l’entretien des églises, le site et la ville et de tant de lieux touristiques.
Les églises de Lalibela ont été construites à la fin du XIIe siècle par le roi Lalibela, qui voulait créer une «Nouvelle Jérusalem» après que les conquêtes musulmanes eurent mis un terme aux pèlerinages chrétiens en Terre Sainte. Lalibela connut un grand épanouissement après la chute de l’empire d’Aksoum. Les églises se répartissent en deux grands groupes. Le premier comprend celles du nord du Jourdain: Biete Medhani Alem (Maison du Sauveur du monde), Biete Mariam (Maison de Marie), Biete Maskal (Maison de la Croix), Biete Denagel (Maison des Vierges), Biete Golghota Mikael (Maison du Golghota Mikael).
Le second est composé des églises situées au sud de la rivière, Biete Amanuel (Maison de l’Emmanuel), Biete Qeddus Mercoreus (Maison de Saint Mercoreos), Biete Abba Libanos (Maison de l’Abbé Libanos), Biete Gabriel Raphael (Maison de Gabriel Raphael) et Biete Lehem (Maison du Saint Pain). La onzième église, Biete Ghiorgis (Maison de Saint-Georges), est isolée des autres, mais reliée par un système de tranchées. (cath.ch/ibc/bh)
Ibrahima Cisse
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/ethiopie-linquietude-grandit-au-sujet-des-eglises-de-lalibela/