«Dans le contexte actuel de tensions et de discours haineux qui menacent la cohésion sociale, l’objectif est de développer une réflexion collective en vue d’une action concertée visant à prévenir les replis identitaires et le rejet de l’autre», assure la page de présentation de la conférence intitulée «Face à l’antisémitisme», sur le site de l’Etat de Genève. La manifestation, qui se déroulera au Musée d’ethnographie de la ville, le 27 février 2024, est organisée par le Bureau de l’intégration et de la citoyenneté (BIC), en partenariat avec Chahut média, le Graduate Institute de l’Université de Genève, la Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation (CICAD) et le Département genevois de la cohésion sociale (DCS).
La conférence s’inspire directement de la récente collaboration entre le BIC et Chahut média, ayant abouti à la création du podcast Qui a peur des Juifs? Antisémitisme: la tentation perpétuelle, explique la page web. La conférence vise à approfondir les thèmes abordés dans le podcast, offrant des analyses diversifiées et des stratégies de prévention contre l’antisémitisme notamment en milieu scolaire et dans le domaine de la jeunesse.
L’annonce de l’événement a fait réagir un certain nombre de personnalités de la région genevoise. Raheek Ador, une habitante du quartier de Champel d’origine palestinienne, a notamment pris l’initiative de contacter certaines de ses connaissances à propos de l’événement, a-t-elle expliqué à cath.ch. Un collectif informel s’est ainsi créé, qui a décidé de faire parvenir une lettre aux organisateurs, dont la CICAD et le Département de la cohésion sociale.
Le texte, signé par une quarantaine de personnes de Genève et d’autres régions de Suisse, reconnaît l’importance de sensibiliser le public à la problématique de la haine contre les juifs. Il déplore toutefois que le débat «n’inclue pas la Palestine ni les arabophones et n’engage pas un agenda où TOUTES les formes de racisme devraient être interdites, et la tolérance, les droits de l’homme et l’égalité devraient être pour tous.» Les signataires soulignent en outre qu’ils croient aux valeurs sur lesquelles la Suisse a été construite. Ils proposent également aux organisateurs de leur indiquer des intervenants de qualité sur les problématiques en question.
Au matin du 23 février, Raheek Ador n’avait pas reçu de réponse des organisateurs. Contacté par cath.ch, le Département de la cohésion sociale s’est contenté de répondre qu’il ne faisait «pas de commentaire sur un courrier par voie de presse».
L’intellectuel genevois Hafid Ouardiri a reçu une invitation à la conférence de la part du DCS, qu’il entend honorer, indique-t-il à cath.ch. Il soutient également la position du collectif mené par Raheek Ador. Il espère ainsi pouvoir lire la lettre pendant l’événement. «Je me rendrai à la conférence dans un esprit d’ouverture et de dialogue. Il ne s’agit pas d’être contre qui que ce soit, mais de promouvoir une forme d’équilibre et d’égalité. Le but ultime est d’aller ensemble vers la paix», précise le directeur de la Fondation de l’Entre-connaissance, qui s’engage pour le dialogue interreligieux.
Raheek Ador indique que, suite à cette mobilisation, les personnes engagées créeront un collectif plus formel, afin de défendre plus efficacement leurs positions.
D’autres récentes actions à Genève, dans le contexte du conflit israélo-palestinien, ont été questionnées en rapport à leur aspect unilatéral. Cela a notamment été le cas après la démarche d’un collectif citoyen genevois en soutien aux otages du Hamas. Un conteneur a été placé début février sur la Place de Nations reproduisant l’expérience vécue des personnes séquestrées dans les tunnels de la bande de Gaza. (cath.ch/rz)
Raphaël Zbinden
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