Après une enquête auprès des témoins directs, l’EPER a livré le 20 février une version plus complète de l’attaque qui a couté la vie à Guennadi Guermanovitch (coordinateur senior de la sécurité) et Adrien Pajol (chargé de programmes itinérant), tous deux de nationalité française, et blessé quatre autres collaborateurs de l’ONG.
Le 1er février, l’équipe de six collaborateurs de l’EPER était en mission pour évaluer la situation humanitaire dans la région entourant la ville de Beryslav, sur la rive nord du fleuve Dniepr. L’objectif était d’évaluer les zones où l’aide humanitaire pouvait être fournie. L’EPER avait déjà été active dans la région, où travaillent également d’autres organisations non gouvernementales (ONG) ainsi que des agences des Nations Unies.
Avant d’accéder à cette zone, l’équipe a demandé la permission aux administrations civiles et militaires de l’oblast de Kherson, permission qui lui a été accordée, rapporte l’EPER. Les collaborateurs voyageaient dans deux 4×4 blancs, munis du logo de l’EPER sur les portes et le capot, ainsi que du symbole «No weapons» (pas d’armes).
Conformément au protocole de sécurité, les six occupants des véhicules portaient des casques ainsi que des gilets pare-balles, auxquels ils avaient attaché des kits médicaux. Après avoir passé deux postes de contrôle militaires, ils ont atteint le hub humanitaire de Beryslav pour une réunion avec la coordinatrice locale de l’aide humanitaire.
Alors qu’ils sortaient de Beryslav, ils ont soudainement été attaqués par des drones. Un véhicule a été touché et les occupants de l’autre véhicule se sont arrêtés pour assister leurs collègues. D’autres frappes de drones ont suivi, blessant les six collaborateurs et causant des blessures mortelles à Guennadi Guermanovitch et Adrien Pajol, tous deux de nationalité française. Les quatre blessés, trois Français et un Ukrainien, se sont réfugiés dans deux maisons, emmenant avec eux les corps de leurs collègues.
À la tombée de la nuit, ils ont été évacués afin de bénéficier de soins médicaux dans un centre de santé local. Le lendemain, les corps ont été déplacés à Kiev, et les blessés emmenés dans un hôpital de la capitale pour recevoir un traitement médical spécialisé.
L’EPER a mis un soutien psychologique à disposition des familles des victimes, des collègues blessés et de toute l’équipe en Ukraine. Entre-temps, les trois Français blessés ont été rapatriés dans leur pays. Le collaborateur ukrainien est de retour chez lui et bénéficie de soins ambulatoires complémentaires. Les quatre blessés vont bien au vu des circonstances.
L’EPER a temporairement suspendu ses activités dans les zones difficiles d’accès, mais poursuit son travail humanitaire dans d’autres régions d’Ukraine. À la suite de l’attaque, les gouvernements français et ukrainien ont ouvert une enquête pour crimes de guerre.
Les opérations de l’EPER en Ukraine font actuellement partie des plus importantes de l’organisation à travers le monde, avec des bureaux à Odessa, Mykolaïv, Kharkiv, Sloviansk, Dnipro et Kiev. En ce moment, 98 personnes (83 Ukrainiens et 15 collaborateurs internationaux) travaillent pour l’EPER en Ukraine, dont 6 spécialistes de la sécurité. (cath.ch/com/mp)
Maurice Page
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