Geneviève de Simone-Cornet, pour cath.ch
L’occasion a été belle pour les futurs baptisés, qui avaient cheminé en groupe, de se retrouver tous ensemble avec leurs parrains, marraines, familles et amis. Et cela faisait du monde – environ 200 personnes – pour entourer les 61 catéchumènes sur la septantaine que compte le diocèse. Lors de cette étape de leur initiation, l’Église les a appelés au baptême et les a invités à inscrire leur nom dans le registre des futurs baptisés.
La célébration de l’appel décisif et de l’inscription des noms pour le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg a été présidée par l’abbé Jean-Marie Cettou, prêtre modérateur de l’Unité pastorale Notre-Dame de Lausanne, assisté de l’abbé Flavien-Merlin Khonde Khonde, curé d’Orbe, et du Frère Pierre de Marolles, prieur du couvent des dominicains de Genève.
Une bonne moitié de ces catéchumènes âgés de 15 à 63 ans sont suisses et une dizaine européens; les autres viennent d’autres continents, essentiellement d’Afrique. L’âge moyen est de 30 ans, ce qui est jeune pour l’Église. Réjouissant, d’autant que la tendance à la hausse se confirme pour 2025!
«Cette jeunesse vient du fait que, depuis quelques années, le catéchuménat vaudois collabore activement, et avec bonheur, avec des groupes de jeunes de la Pastorale jeunesse du canton de Vaud», explique Fabienne Gapany, représentante de l’évêque pour la catéchèse et le catéchuménat. «Les groupes de jeunes sont ainsi devenus un vrai lieu d’appel aux sacrements de l’initiation chrétienne.»
«Mais le plus important n’est pas le nombre, précise-t-elle. Il reste très anecdotique en regard de la population de non-chrétiens adultes du diocèse ou des quelque 1700 sorties d’Église enregistrées en 2020. Une seule demande de baptême, c’est déjà une joie immense… Ce qui est réjouissant, c’est que les catéchumènes nous appellent à garder l’espérance: Dieu travaille envers et contre tout, y compris l’actualité choquante de l’Église. Ils sont ce ›petit reste’ biblique qui nous montre que Dieu est toujours fidèle à son alliance.»
Tous les invités ont été chaleureusement accueillis dans les murs de la cathédrale par Philippe Leuba, conseiller synodal, au nom de l’Église évangélique réformée du canton de Vaud (EERV). Il a rappelé, «en ce lieu qui vous appartenait avant la Réforme», les mots prononcés par Jean Paul II lors de la messe inaugurale de son pontificat, le 22 octobre 1978: «N’ayez pas peur», exhortant les catéchumènes à aller de l’avant sans crainte.
Pour Fabienne Gapany, «c’est un geste très beau et plein de sens d’être accueillis en la cathédrale pour la célébration de l’appel décisif: le baptême, qui nous fait appartenir au Christ, est le même dans nos deux Églises».
Michel Racloz, représentant de l’évêque pour la région diocésaine Vaud, a accueilli les catéchumènes au nom de l’évêque diocésain Mgr Charles Morerod. Il a affirmé que «grandir avec le Seigneur est une belle et grande aventure à la suite de Jésus ressuscité, un influenceur d’un tout autre ordre que ceux des réseaux sociaux», invitant chacun à lui faire confiance pour croître dans la fraternité.
Dans son homélie, l’abbé Cettou a encouragé les catéchumènes, en ce moment qui marque la fin de leur parcours de préparation aux sacrements de l’initiation chrétienne, «ce point oméga de leur histoire», à tourner leur vie vers le Seigneur. «Jésus s’est approché de vous et vous répondez à son appel en rendant témoignage. Le ‘me voici’ que vous allez prononcer sera un éclat qui illuminera votre chemin. Et par le baptême, vous recevrez une nouvelle nature et entrerez dans une nouvelle famille, fraternelle.»
Appelé par son prénom par le responsable cantonal, chaque candidat a répondu «Me voici» et s’est levé – car «le Seigneur appelle chacun de vous individuellement puisqu’il considère chacun de vous comme unique à ses yeux». Puis, par la bouche du célébrant, l’Église les a appelés aux sacrements de l’initiation chrétienne – baptême, confirmation et eucharistie, que chacun recevra dans sa paroisse lors de la veillée pascale – sur la foi et le témoignage des parrains et des catéchistes et après avoir entendu leur volonté de les recevoir. Enfin, les candidats se sont avancés dans l’allée centrale avec leurs parrains et marraines pour inscrire leur nom sur le registre des baptêmes.
Chacun a reçu une écharpe violette, la couleur du carême, qui est «un temps de questionnement, de cheminement et de conversion, a relevé Katia Cazzaro Thiévent, responsable du catéchuménat dans le canton de Vaud. Elle signifie l’attente, le désir, l’humilité et l’intériorité». Les catéchumènes sont invités à la porter durant les célébrations auxquelles ils participeront jusqu’à la veillée pascale, où ils revêtiront le vêtement blanc des baptisés.
Les candidats sont devenus pour l’Église des «appelés», en écho aux textes bibliques où Jésus appelle les premiers disciples; ou encore, selon la terminologie des premiers siècles de l’Église, des competentes (compétents), «ceux qui aspirent, ensemble, à progresser vers le baptême», des electi, «ceux qui ont été élus ou choisis», ou des illuminandi, «ceux qui vont être illuminés en référence au Christ qui est lumière».
La préparation s’étend habituellement sur une année liturgique, avec néanmoins des variations de durée, chacun cheminant à son rythme. Car «devenir chrétien implique des changements en profondeur, qu’il faut intégrer, et cela prend du temps. Cela implique également toutes les dimensions de l’humain: émotions, intelligence, prière, agir, rapport au monde», relève Fabienne Gapany. «Ainsi, les accompagnateurs discernent avec les candidats ce qui est bon pour eux et à quel moment. Il ne s’agit pas de donner aux catéchumènes un paquet bien ficelé contenant ce qu’il faut savoir et faire; il s’agit d’accompagner les personnes pendant un temps dans leur découverte et leur approfondissement du mystère du Christ, afin qu’elles puissent le déployer, et s’y déployer, tout au long de leur vie.»
«Devenir chrétien implique des changements en profondeur, qu’il faut intégrer, et cela prend du temps.»
Fabienne Gapany
Après la liturgie, les catéchumènes, entourés de leurs parrains et marraines, ont vécu un temps de catéchèse mystagogique qui leur a donné des clés de lecture de la célébration, «un temps à part, un temps de discernement». L’occasion pour chacun de mieux comprendre le sens de ce qu’il venait de vivre et de méditer sur les textes entendus.
Qu’est-ce qui motive les demandes? «Chaque parcours est unique, relève Fabienne Gapany. C’est souvent un événement heureux ou douloureux (naissance, mariage, deuil, maladie…) qui incite à faire le pas. Mais recevoir le baptême peut aussi être la ›suite logique’ d’une recherche spirituelle, le sceau mis sur une vie de foi déjà riche et profonde, et parfois très longue. Ou tout simplement un appel!»
La confession n’est pas décisive. «Les catéchumènes demandent rarement à devenir catholiques. Ils sont appelés à devenir chrétiens, à appartenir au Christ. Ceci explique peut-être pourquoi, malgré l’actualité douloureuse de notre Église, des personnes demandent encore à recevoir le baptême: c’est un appel du Christ, le ‘venez et voyez’ qu’il adresse à certains disciples dans l’évangile de Jean». (cath.ch/gds/lb)
Un musulman «ouvert aux signes de Dieu» découvre la foi catholique
«J’ai beaucoup apprécié cette cérémonie. C’était génial! Et très positif. J’ai ressenti à la fois de la joie et de la fascination à vivre cette étape importante de mon cheminement de foi. Je suis content d’avoir fait le pas.» Et l’écharpe violette? «Je la garderai dans mon sac et la porterai à chaque célébration du carême. Jusqu’à mon baptême, où je revêtirai un vêtement blanc.»
Ce jour restera gravé dans la mémoire de Besim Mustafa, qui se prépare au baptême depuis le mois d’août. Le jeune Kosovar de 28 ans, né à Nyon de parents musulmans, est heureux d’avoir franchi cette nouvelle étape qui le rapproche de son rêve: entrer dans la Garde suisse pontificale (GSP), dont il parle les yeux brillants.
Son CFC de mécanicien automobile en poche, il a travaillé quelques mois avant de faire l’armée, en 2017 et 2018. Et c’est là qu’il a entendu parler pour la première fois de la GSP. Depuis, il n’en démord pas: il veut s’engager dans cette armée qui protège le pape. «Je me suis informé. Puis j’ai déposé ma demande et passé des entretiens. J’attends la réponse.»
«Je veux apporter ma pierre pour que cette tradition se perpétue. J’ai rencontré plusieurs anciens gardes suisses et j’ai apprécié leur esprit de camaraderie. La GSP, c’est un monde à part, et nous sommes au contact de gens venus à Rome du monde entier en pèlerinage, dans une démarche de foi: c’est touchant!»
Oui, mais pour être garde suisse, il faut être catholique… «Je suis allé voir le curé de ma paroisse et je lui ai demandé: ‘Comment ça se passe pour devenir catholique?’ Il m’a adressé au service du catéchuménat et j’ai suivi la formation.» Ce qu’il a apprécié? «Le côté humain des cours et les temps d’échange en groupe à partir de textes bibliques: ils m’ont beaucoup enrichi par le partage de points de vue différents.»
Un parcours jalonné de belles surprises: «J’ai découvert un Dieu proche de nous. Et que Jésus est un ami, un confident – c’est nouveau pour moi qui viens de l’islam où Dieu est moins accessible. Et puis, je suis relié à une communauté accueillante; je sais que je ne suis pas seul dans ma foi, et cela m’aide à avancer.»
Grand, le regard franc, le sourire communicatif, Besim est heureux de découvrir la foi catholique: «Je suis positif. J’aime apprendre et je veux rester ouvert aux signes de Dieu. Au final, je me demande s’il n’a pas mis la GSP devant moi comme un chemin vers le baptême… et pas le contraire!» GDS
Appel décisif dans le diocèse de Sion
Dans le diocèse de Sion, 35 enfants de 7 à 12 ans, neuf adolescents (12 – 16 ans) et 14 adultes ont répondu à l’appel décisif ce dimanche après-midi à la cathédrale de Sion, entourés de leurs parrains et marraines. Cette célébration solennelle, qui a lieu le premier dimanche de Carême, est une étape importante dans leur parcours de catéchumène jusqu’au baptême. Le rituel (l’appel de l’évêque et l’inscription de leur nom dans le registre) prend place dans le cadre d’une célébration de la Parole.
La tendance à la hausse constatée ces dernières années se poursuit, confirme Pauline Friche, responsable du catéchuménat dans le diocèse. Le fait nouveau concerne les adolescents qui sont de plus en plus nombreux. On observe le même phénomène en France. C’est toujours une démarche spontanée et personnelle, sans aucune pression familiale qui, on le pense, correspond en partie à une quête de sens dans le contexte anxiogène que nous vivons actuellement. Les parcours sont très variés «Certains ont lu la Bible et veulent approfondir leurs connaissances. D’autres ont fait l’expérience de la prière et ont été touchés», explique Pauline Friche. BH
Rédaction
Portail catholique suisse
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