Younis Masih avait été arrêté pour blasphème à la suite d’une plainte déposée par une femme, Susan Fatima, qui l’accusait de s’être introduit chez elle, de l’avoir agressée et d’avoir manqué de respect au Coran, rapporte l’agence vaticane Fides. La famille de Fatima s’est convertie à l’islam il y a environ un an et demi.
Masih s’est volontairement rendu à la police pour clarifier l’incident. Après l’entretien avec les enquêteurs, ces derniers ont reconnu que les accusations étaient fabriquées et ont convoqué la femme pour qu’elle s’explique.
Pour les observateurs, il s’agit d’une évolution intéressante des pratiques policières car elle souligne la nécessité d’une vérification approfondie pour établir la vérité dans les affaires d’accusations de blasphème.
À Faisalabad,le traitement positif de cet incident a suscité la confiance de la communauté chrétienne, en ce qui concerne la protection des droits de tous les individus, quelles que soient leurs croyances religieuses, a noté l’avocate Aneeqa Maria Anthony, qui a suivi l’affaire au nom de la famille de Masih.
«Le cas de Younis Masih rappelle l’importance d’une procédure judiciaire équitable et impartiale et le danger des fausses accusations», note l’ONG Centre for Legal Aid, Assistance and Settlement (CLAAS). Son directeur a félicité la police pour le discernement dont elle a fait preuve dans son enquête.
L’incident cacherait en fait un conflit foncier et l’accusation de blasphème pourrait avoir été un stratagème abusif dans un conflit personnel.
«Il ne s’agit cependant pas d’un incident isolé. De tels cas, s’ils ne font pas l’objet d’une enquête, peuvent avoir des conséquences tragiques: certains innocents peuvent croupir en prison pendant de nombreuses années ou même être tués». Le nouveau gouvernement aura le devoir de procéder à des réformes législatives afin d’éviter de nouvelles injustices et de protéger les droits de tous les citoyens, a insisté le directeur de Claas.
Selon le code pénal pakistanais, le crime de blasphème est passible de la peine de mort ou de l’emprisonnement à vie, en application de trois articles 295-a, 295-b, 295-c, connus sous le nom de «loi sur le blasphème» qui punissent en particulier l’outrage à l’islam. (cath.ch/fides/mp)
Maurice Page
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