Cette importance de l’unité pour que le monde croie au Christ est pourtant soulignée dans l’Evangile de Jean (17,21). «Afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu’eux aussi soient un en nous afin que le monde croie que tu m’as envoyé». Nous faisons comme si ce texte n’était pas important. La démarche vers l’unité est encalminée et réduite à une semaine de prières par an.
Certes il existe des vibrations dans cet immobilisme: la communauté de Taizé, les travaux du groupe des Dombes, les messages du pape François qui a compris que l’œcuménisme est une nécessité de la foi. Mais dans le concret de nos paroisses, il y a peu de signes d’unité. Les divisions brouillent l’image de l’Eglise et discréditent son message en particulier auprès des jeunes.
Tous les dimanches nous affirmons que nous croyons en l’Eglise catholique. Or cette formulation provient d’un temps (le concile de Nicée, 325) où il n’y avait pas de division entre les Eglises, pas de division entre orthodoxes, catholiques et réformés. Le terme catholique peut parfaitement être compris par nos frères et sœurs réformés. Il signifie l’universalité de l’Eglise. Son appropriation par Rome à partir du 16e siècle n’est qu’un legs historique. Nos Eglises doivent rechercher à n’en former qu’une comme l’énonce le credo.
«L’hospitalité eucharistique nous permettrait de mieux comprendre l’importance de la diversité dans nos Eglises»
L’Unité est un don de Dieu comme l’indique la prière du Christ. Mais cela ne doit pas nous empêcher d’en construire des signes concrets. Le premier sera l’hospitalité eucharistique. Si j’assiste à un culte protestant, je ne renie pas ma foi en la présence réelle dans l’hostie. Je sais que je suis en communion imparfaite avec mes sœurs et frères réformés. Mais dois-je refuser leur accueil et leur partage? Suis-je en communion plus parfaite avec mes frères et sœurs officiellement catholiques qui refusent l’eucharistie aux divorcés remariés ou la bénédiction aux personnes homosexuelles?
Poser la question c’est y répondre. L’hospitalité eucharistique nous permettrait de mieux comprendre l’importance de la diversité dans nos Eglises. L’unité n’est pas l’uniformité. Au temps de saint Paul, il y avait plusieurs différences entre les Eglises d’Ephèse et de Corinthe. Paul acceptait ces différences et ne cessait de travailler à l’union de ces Eglises. Il nous faut faire de même. Accepter nos différences grâce à l’écoute et travailler sans relâche par des signes concrets à l’unité.
Cette écoute a été pratiquée par le synode à Rome lors du mois d’octobre 2023. Faisons en sorte, dès aujourd’hui, que nos Eglises soient vraiment universelles; qu’elles recherchent activement l’unité dans une communion qui restera imparfaite. La recherche d’une vraie universalité dépasse notre séjour terrestre individuel et sera un chantier de l’humanité jusqu’à la fin des temps. Mais nous devons y travailler dès aujourd’hui.
Jean-Jacques Friboulet
7 février 2024
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