Barbara Ludwig, kath.ch/traduction et adaptation: Raphaël Zbinden
Chaque année, l’Eglise évangélique réformée, l’Eglise catholique romaine, les catholiques chrétiens ainsi que deux communautés juives reçoivent au total 50 millions de francs du canton de Zurich. Des sommes légitimées par leur contribution au bien commun. La sécularisation et l’immigration ont toutefois changé la donne: Selon l’Office fédéral de la statistique (OFS), les membres de l’Eglise catholique romaine et de l’Eglise évangélique réformée ne représentent plus que 46% de la population de plus de 15 ans (2022). Le canton compte en outre environ 90’000 musulmans et 490’000 personnes sans confession.
Dans ce contexte, l’Etat entend revoir sa relation avec les communautés religieuses. En collaboration avec les Eglises réformée et catholique, il a commandé une étude au séminaire de sciences des religions et à l’Institut de sociologie de l’Université de Zurich. La démarche, présenté au public le 1er février 2024, a pour titre Contributions au bien commun des communautés religieuses reconnues dans le canton de Zurich.
L’objectif était d’examiner la contribution des communautés religieuses reconnues dans le canton de Zurich à une société démocratique solidaire et stable, peut-on lire dans le résumé de l’étude. Les chercheurs ont également observé comment la contribution de ces communautés était perçue par la population. L’un des sondages était centré sur les rituels, ainsi que sur les offres non cultuelles et les édifices religieux.
Le résultat montre qu’une majorité de personnes dans le canton de Zurich perçoit les communautés religieuses de manière positive. Plus de 50% des personnes interrogées estiment que les offres des communautés religieuses dans le domaine de l’aumônerie, du travail avec les personnes âgées, des soins à ces dernières et de l’aide aux réfugiés sont importantes, voire très importantes.
Les Zurichois considèrent les rituels religieux comme importants pour surmonter les crises, le deuil et la mort. Plus de 60 % des personnes interrogées, y compris des personnes non religieuses, considèrent les rituels religieux lors des enterrements comme importants. De nombreuses personnes apprécient en outre les lieux de culte qui marquent l’espace public – même si elles ne fréquentent que rarement les églises.
Les chercheurs ont également examiné les «profils de valeurs» de personnes religieuses et non religieuses. Il en ressort que les personnes religieuses ont une «orientation communautaire plus élevée». Un constat également valable pour les adolescents et les jeunes adultes qui s’engagent dans des associations religieuses. Les personnes religieuses accordent plus d’importance à la tradition. Une question sur laquelle les chercheurs ont constaté une forte différence par rapport aux personnes non religieuses.
Concernant l’éthique du travail, il semble que le gain matériel et l’avancement soient moins importants pour les personnes religieuses. L’intérêt pour le travail, l’initiative personnelle et l’orientation vers le bien commun comptent pour elles davantage.
On appelle ‘capital social’ les conditions qui peuvent aider les personnes à surmonter les situations de vie difficiles. Sur ce point, les associations religieuses étudiées au moyen d’une analyse de réseau obtiennent de très bons résultats. Plus de 80% des membres interrogés se sont fait des amis dans leurs associations. Ce phénomène est plus rare et moins direct dans les organisations non religieuses.
Selon l’étude, les associations religieuses créent des réseaux efficaces pour la construction de relations personnelles, qui sont vécues comme une ressource en cas de crise. En outre, les associations sont importantes pour la socialisation. Les groupes de jeunes religieux étudiés favorisent la solidarité, la tolérance et l’inclusion. Les communautés religieuses parviennent également à promouvoir des relations entre des personnes qui se distinguent par leur statut social, leur origine ethnique ou leur religion.
Les membres des associations étudiées font en principe preuve d’un engagement politique plus important que le reste de la population. Ils participent par exemple plus souvent aux élections. Les bases sont posées dès l’enfance, donc par une socialisation religieuse. La participation politique peut toutefois conduire à des polarisations entre les communautés religieuses elles-mêmes et au sein de la société en raison de leur forte orientation vers la tradition, avertissent les experts.
La conclusion de l’étude est la suivante: «Dans l’ensemble, les résultats suggèrent que le christianisme et le judaïsme libéraux favorisent la cohésion et l’intégration sociales et fournissent des ressources pour une cohabitation socialement engagée et pacifique».
Cette conclusion positive est en contradiction avec une autre étude publiée l’automne dernier. Elle avait également été réalisée sur mandat du canton et des Eglises réformée et catholique – par l’Institut de sciences politiques de l’Université de Zurich. Ces recherches avaient constaté que les deux Eglises reconnues au niveau national continuent à fournir des prestations importantes pour l’ensemble de la société, mais qu’elles ont en même temps perdu beaucoup d’influence au cours des six dernières années. La notoriété des offres de l’Eglise a fortement diminué dans la société.
L’étude, intitulée Activités ecclésiastiques d’importance sociale dans le canton de Zurich, reprochait en outre aux Eglises d’avoir joué un rôle négatif pendant la pandémie de coronavirus.
Les conséquences de la nouvelle étude sur les contributions cantonales aux Eglises sont restées ouvertes, selon un article de la Neue Zürcher Zeitung (NZZ) paru le 2 février. Selon le portail d’information ref.ch, le parlement cantonal devrait décider cette année encore des contributions versées à partir de 2026. (cath.ch/kath/bal/rz)
Rédaction
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/une-etude-confirme-que-les-eglises-favorisent-le-bien-commun/