Dans son Évangile, Marc introduit la mission du Christ en proposant une sorte de générique, comme au cinéma. Un épisode relativement court résume à grands traits l’essentiel de la mission du Christ.
Dans ces quelques versets, les mots «enseigner/enseignement» reviennent quatre fois. Le ton est donné et le lecteur averti: Jésus est bel et bien un enseignant. Qui veut entendre la Bonne Nouvelle est invité à se mettre à son école. Certes, d’autres personnages enseignent officiellement dans les synagogues, les scribes. Aux yeux des fidèles, ces interprètes incontournables de la Loi occupent une place importante. Pourtant, leur enseignement, comparé à celui de Jésus, ne fait pas le poids. Leur autorité est tout extérieure: ils s’expriment à partir de leur statut social et de leurs études, tandis que le Christ parle à partir du fond de son être dit le texte grec de l’Évangile.
Son enseignement jaillit du centre intime de sa personne, de ce point mystérieux et unique où il vit en communion avec son Père: «La parole que vous entendez n’est pas de moi: elle est du Père qui m’a envoyé » (Jn14,24). Puisée à cette source, sa parole l’emporte sur l’enseignement des spécialistes officiels au point de stupéfier ses auditeurs: «Qui est-il celui dont la Parole est capable de maîtriser les mauvais esprits?».
«Plus que le contenu de l’enseignement de Jésus, c’est sa force libératrice qui impressionne»
Plus que le contenu de l’enseignement de Jésus, c’est sa force libératrice qui impressionne. Alors que les scribes, retranchés derrière les textes et les traditions, font peser sur leurs auditeurs le joug des 613 prescriptions de la Loi, Marc, sans détailler le contenu de l’enseignement de Jésus, se contente de mentionner l’énergie libératrice qui s’en dégage. Loin de faire la leçon à ses auditeurs, Jésus ne cite même pas les Écritures. Voit-il l’homme à terre, en proie à l’esprit du mal? Il le remet debout. Libre de toute étroitesse moralisante, témoin de la compassion et de la miséricorde de Dieu, il n’a d’intérêt que pour ce que les gens vivent, leurs souffrances, leur besoin de liberté.
Qui en douterait est invité à assister à la défaite d’un de ces esprits néfastes qui tiennent en otage les hommes. D’un mot, avec autorité, Jésus libère un pauvre possédé. Quelques convulsions et les cris du malade écartent toute magie. Tout indomptable qu’il était, le mauvais esprit qui tenait prisonnier le pauvre homme ne peut que reconnaitre la victoire de Jésus. C’est bien lui le plus fort. Et de conclure que la bonté et la miséricorde divines signent la perte du Satan.
Reconnu par l’esprit mauvais, Jésus lui impose le silence. Cette discrétion au sujet de son identité est récurrente dans l’Évangile de Marc. Jésus l’exige de ceux et celles qu’il guérit pour ne pas se laisser récupérer par les nombreux partisans d’un messianisme nationaliste et triomphaliste. Il en va de sa fidélité à son propre style messianique, qui est celui du Serviteur souffrant.
Pierre Emonet SJ | Vendredi 26 janvier 2024
Mc 1, 14-20
Jésus et ses disciples entrèrent à Capharnaüm.
Aussitôt, le jour du sabbat,
il se rendit à la synagogue, et là, il enseignait.
On était frappé par son enseignement,
car il enseignait en homme qui a autorité,
et non pas comme les scribes.
Or, il y avait dans leur synagogue
un homme tourmenté par un esprit impur,
qui se mit à crier :
« Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ?
Es-tu venu pour nous perdre ?
Je sais qui tu es :
tu es le Saint de Dieu. »
Jésus l’interpella vivement :
« Tais-toi ! Sors de cet homme. »
L’esprit impur le fit entrer en convulsions,
puis, poussant un grand cri, sortit de lui.
Ils furent tous frappés de stupeur
et se demandaient entre eux :
« Qu’est-ce que cela veut dire ?
Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité !
Il commande même aux esprits impurs,
et ils lui obéissent. »
Sa renommée se répandit aussitôt partout,
dans toute la région de la Galilée.
Portail catholique suisse