Le département d’Etat a publié le 4 janvier 2024 son traditionnel rapport annuel sur les Pays particulièrement préoccupants (CPC) en matière de liberté religieuse. En Afrique, le document épingle quatre pays: l’Algérie, la République centrafricaine, les Comores et l’Erythrée. Le Nigeria n’y est pas mentionné.
Or, selon ADF international, ce pays a enregistré à lui seul, 90% des 5’500 chrétiens tués dans le monde en 2023. Son absence de la liste «des pires contrevenants» à la liberté religieuse est «particulièrement préoccupante», a déploré l’organisation chrétienne basée à Londres, dans un communiqué sur son site.
Elle a rappelé, entre autres, l’assassinat de 200 chrétiens, le 27 décembre dernier, dans l’Etat du Plateau (centre), à cause de leur foi, le cas d’une chrétienne, Rhoda Jatau, mère de cinq enfants, récemment libéré de prison où elle était détenue depuis mai 2022 pour avoir partagé une vidéo sur WhatsApp, condamnant le lynchage de Deborah Emmanuel Yakubu, une étudiante lâchement tuée l’année dernière. A cela s’ajoute l’autre cas d’un musicien local, Yahaya Sharif-Aminu, musulman soufi, en prison depuis plus de trois ans, et condamné à mort par pendaison pour avoir partagé des paroles de chansons jugées «blasphématoires» sur WhatsApp. Soutenu par ADF International, il a fait appel de ce jugement devant la Cour suprême du Nigeria, espérant annuler les lois sur le blasphème liées à la peine de mort au Nigeria.
Pour Sean Nelson, conseiller juridique pour la liberté religieuse mondiale à ADF International, «il est urgent que le gouvernement américain et les autres défenseurs de la liberté religieuse dans le monde utilisent tous les moyens à leur disposition, afin de plaider en faveur de la justice pour les victimes de violences à motivation religieuse, de la libération des prisonniers religieux d’opinion, de l’abrogation des lois sur le blasphème et d’un plus grand respect, ainsi que pour la liberté religieuse au Nigeria».
La Commission américaine pour la liberté religieuse internationale (USCIRF) a, elle aussi, qualifié la suppression de la désignation CPC du Nigeria par le Département d’Etat «d’épouvantable et d’inexplicable ». Le 12 décembre dernier, des experts et organisations internationales de la liberté religieuse dont ADF international ont adressé une lettre au Congrès américain , l’invitant à prendre «des mesures plus importantes», dans le but de protéger la liberté religieuse au Nigeria. (cath.ch/ibc/mp)
Maurice Page
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