Silvia Guggiari, catt.ch / traduction adaptation Maurice Page
«Par hasard, le 9 janvier, je suis passé tout près de la chaîne de télévision nationale où des voyous ont fait irruption et ont ouvert le feu en direct, témoigne Mgr Crameri. J’ai été positivement surpris par l’intervention rapide de la police pour libérer les otages et arrêter les assaillants sans effusion de sang. Dans les rues, on pouvait voir des gens courir, des magasins se fermer, des menaces d’attentat. Dans la ville, les terroristes sont entrés dans au moins trois hôpitaux et ont pillé plusieurs magasins.»
Dans la zone côtière et dans les villes de Guayaquil et Esmeraldas, des affrontements, des enlèvements, des vols, des pillages dans des centres commerciaux et des incendies de voitures ont été signalés. Plusieurs morts ont été décomptés jusqu’à présent.
«Dans les rues, parmi les gens, la peur est grande et la menace d’actes terroristes se fait constamment entendre. La capitale Quito, comme l’explique l’évêque, n’est pas directement touchée par ces émeutes, mais ces derniers jours, elle a été complètement paralysée à cause du trafic créé par la peur qui a fait fuir les habitants en se déversant dans les rues.»
Comme l’expliquait déjà Mgr Crameri lors de son passage en Suisse en septembre dernier, la situation en Equateur était très tendue depuis un certain temps, mais ces derniers jours, elle semble avoir dégénéré, surtout dans les prisons : «Je suis en contact avec l’aumônier de la prison qui m’a dit qu’il y a une agitation et une violence permanentes, qu’il y a un manque de nourriture, qu’il y a des otages. Dans la ville d’Esmeraldas, plusieurs voitures ont été brûlées pour semer la terreur, le système routier est actuellement complètement paralysé, il n’y a plus de taxis ni de bus réguliers».
Pour faire face à la crise, le président Daniel Noboa, élu en octobre dernier, a déclaré la guerre aux gangs; il a également décrété l’état d’urgence pour 60 jours, invitant la population à rester chez elle. Mais comment en est-on arrivé là? Depuis plusieurs années, l’Équateur est au centre du trafic international de drogue : un triste record qui a engendré de la violence parmi les nombreux gangs qui s’adonnent au commerce de la drogue dans le monde.
«Au cours des quelques mois qui ont suivi l’élection, il semble que le gouvernement du nouveau président tente enfin d’endiguer le trafic de drogue, la corruption et les mafias. En décembre, par exemple, l’affaire ‘Metastasi’ a fait grand bruit, conduisant à l’arrestation de 38 personnes dont des généraux de police, des militaires, des politiciens… Nous vivons une époque de grand désordre où ceux qui devraient mettre de l’ordre sont eux-mêmes impliqués dans des trafics illicites. Ce président a beaucoup de problèmes à résoudre et les défis à relever sont d’une grande complexité» conclut Mgr Crameri en se confiant à la prière de ses concitoyens. (cath.ch/catt.ch/mp)
Maurice Page
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