Un évêque ivoirien appelle à dénoncer les prêtres ayant des femmes

Dans une lettre du 4 janvier 2024, Mgr Gaspard Béby Gnéba, évêque de Man (Côte d’Ivoire), a appelé les fidèles à dénoncer les prêtres entretenant une liaison avec une femme, ayant des enfants, étant coupables d’abus sexuels ou de crimes financiers. Il a estimé que le fait de garder le silence sur de telles situations relevait d’un «péché de complicité».

«Tout fidèle laïc qui sait qu’un prêtre n’est pas fidèle à son célibat, qu’il a une femme ou un enfant, qu’il a commis des abus sexuels ou des crimes économiques, doit avoir le courage de le dénoncer à l’évêque», a déclaré Mgr Béby Gnéba dans sa lettre, qualifiée «d’urgente, importante et nécessaire», également lue à la radio catholique locale.

«Le pape parle de tolérance zéro à l’égard de ces prêtres», a ajouté l’évêque de Man, à l’ouest de la Côte d’Ivoire, selon le site américain Crux. Il a déploré les prêtres qui «donnent l’impression que le célibat sacerdotal a été supprimé ou que la continence est facultative». Le prélat a appelé tous les ecclésiastiques dans cette situation à quitter l’état clérical afin de se consacrer à plein temps au bien-être de leurs partenaires et de leurs enfants.

L’épiscopat africain tente de réagir

La question des prêtres ayant femmes et enfants a été longtemps fortement tabou en Afrique, note Crux. Ce n’est pourtant pas la première fois que les autorités ecclésiastiques du continent tentent de réagir. En 2009, une enquête menée par Mgr Robert Sarah, alors archevêque de Guinée et secrétaire de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, a conduit à la démission de hauts prélats de la République centrafricaine. Ils étaient accusés d’avoir fermé les yeux sur une pratique répandue chez les prêtres de vivre avec femmes et enfants au sein même des structures paroissiales.

La Conférence épiscopale de la République démocratique du Congo (RDC) a publié en mars 2020 un document appelant les prêtres dans cette situation à demander leur renvoi volontaire de l’état clérical.

L’épiscopat africain se place traditionnellement en défenseur des valeurs familiales. Le document du dicastère pour la Doctrine de la foi (DDF) Fiducia supplicans (décembre 2023), autorisant la bénédiction des couples en situation irrégulière, a ainsi été vivement critiqué dans plusieurs pays du continent.

Le ‘numéro 2’ du DDF pour l’abrogation de l’obligation du célibat

Pour autant la question du célibat sacerdotal se pose de plus en plus vivement au sein de l’Eglise catholique. Ainsi, dans le journal Times of Malta du 7 janvier 2024, Mgr Charles Scicluna, secrétaire adjoint du DDF, estime que l’Église devrait repenser l’obligation de célibat, tout en se disant conscient que certains qualifieraient une telle décision «d’hérétique». L’archevêque de Malte est l’un des enquêteurs en chef du Vatican sur les abus sexuels. Il a notamment été dépêché par le pape François dans le cadre des scandales touchant le clergé au Chili.

Mgr Scicluna pense que les prêtres entretenant des relations intimes sont une «réalité globale». Il considère ainsi que la possibilité de se marier aurait des effets positifs. «Pourquoi devrions-nous perdre un jeune homme qui aurait fait un bon prêtre, simplement parce qu’il voulait se marier?», s’interroge le prélat. Le célibat était optionnel durant le premier millénaire de la chrétienté, rappelle-t-il.

Le pape François s’est toutefois à plusieurs reprises opposé à la suppression de l’obligation du célibat. (cath.ch/crux/arch/timesofmalta/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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