2023: les grandes dates du pape François et du Vatican

Obsèques de Benoît XVI, Synode, JMJ… L’agence IMEDIA revient sur les grands événements qu’ont pu vivre le pape François et le Vatican en 2023.

5 janvier: quand un pape enterre un pape émérite

L’image restera historique: celle d’un pape célébrant les obsèques de son prédécesseur. Décédé le 31 décembre 2022, Benoît XVI s’est éteint après dix ans de vie retirée dans un monastère du Vatican. Sous un froid glacial, le cercueil du premier pontife émérite depuis le XIIIe siècle a été déposé devant quelque 50’000 personnes réunies sur la place Saint-Pierre pour les funérailles. «Benoît, fidèle ami de l’Époux, que ta joie soit parfaite en entendant sa voix [celle de Dieu le Père, NDLR] définitivement et pour toujours!», a souhaité le pape François dans son homélie.

Le pape François devant le cercueil de son prédécesseur Benoît XVI, le 5 janvier 2023 | © Vatican Media

Marquée par une grande sobriété, la messe se conclura par un geste insolite, celui du pape François posant la main sur le cercueil de cyprès de son prédécesseur en signe d’adieu.

31 janvier-5 février: un voyage en Afrique pour la paix

En se rendant du 31 janvier au 5 février en Afrique, le pape est venu au chevet de deux pays marqués par les violences. En République démocratique du Congo (RDC), il a rencontré les victimes de l’est du pays et dénoncé les mécanismes ethniques et économiques qui ont plongé cette région dans l’abîme. Demandant à l’Occident de retirer ses mains de l’Afrique, le pontife a aussi fustigé la corruption dans un stade de Kinshasa bondé et à l’ambiance électrique.

Fin janvier 2023, le pape François est accueilli à l’aéroport de Kinshasa (RDC) | © Vatican Media

Au Soudan du Sud, le pape a rencontré les deux dirigeants du pays qui continuent de se déchirer sur fond de lutte ethnique et d’intérêts financiers. Quatre ans auparavant, le pontife s’était mis à genoux devant eux pour appuyer sa supplication de paix.

9-11 mars: le chemin synodal allemand demande du changement

Du 9 au 11 mars, s’est tenue à Francfort la session finale du chemin synodal allemand. Lancé en 2019 par une Église allemande affligée par la révélation des scandales des abus et en perte de vitesse, ce processus est devenu le relais de revendications importantes au sein de l’Église sur des questions telles que l’homosexualité, les ministères féminins, le célibat sacerdotal ou encore la place des laïcs dans les processus de décision. Le pape François a par la suite critiqué la démarche allemande et son «égocentrisme», mais sans adopter de mesure punitive.

29 mars et 7 juin: François est hospitalisé à deux reprises

L’année 2023 a été marquée par deux hospitalisations du pape François. Le 29 mars, le pontife est amené en urgence à l’hôpital Gemelli pour soigner une bronchite infectieuse. Après un traitement antibiotique, il quitte l’hôpital le 1er avril et allège pendant quelque temps son agenda.

Le pape François a été hospitalisé à la polyclinique Gemelli du 4 au 14 juillet 2021 | © Vatican Media

Du 7 au 16 juin, il est à nouveau hospitalisé pour être opéré d’un risque d’occlusion intestinale. Le 11 juin, pour la première fois de son pontificat, il sursoit à la récitation de l’Angélus dominical en public, afin d’observer le repos prescrit par le corps médical. Durant cette hospitalisation, le Vatican choisit de communiquer largement sur l’état de santé du pontife, laissant même son chirurgien répondre aux journalistes.

28-30 avril: un voyage en Hongrie, aux portes de l’Ukraine

Le pape François s’est rendu fin avril à Budapest, en Hongrie, pour la deuxième fois de son pontificat après son passage éclair en septembre 2021. En désaccord avec la politique migratoire du Premier ministre Viktor Orban, le pontife avait relativisé la portée de son premier passage. Un an et demi plus tard, avec la guerre en Ukraine, la diplomatie vaticane se trouve en syntonie avec la voie isolée de la Hongrie, qui plaide pour une résolution diplomatique du conflit.

Là-bas, aux portes de l’Ukraine, le pontife a appelé l’Europe à faire des «efforts créatifs pour la paix». Il a par ailleurs salué les politiques familiales du pays, s’élevant contre la «culture du genre» ou bien l’avortement. Dans ce pays dirigé par la droite conservatrice, le pontife a aussi mis en garde contre les «populismes auto-référentiels».

1er juillet: le pape nomme Mgr Fernández préfet à la Doctrine de la foi

Mgr Víctor Manuel Fernández, nouveau préfet du Dicastère pour le doctrine de la foi |© arzobispado de La Plata

C’est la nomination la plus importante de cette année 2023. Succédant au jésuite espagnol Luis Ladaria Ferrer à la tête du dicastère pour la Doctrine de la foi, l’Argentin Víctor Manuel Fernández partage avec le pape – dont il est proche – le souci de privilégier toujours l’approche pastorale au rappel du dogme.

Considéré comme l’une des plumes de l’exhortation apostolique Amoris laetitia (2016) – dont une note controversée ouvre la possibilité de communion pour les personnes divorcées-remariées –, celui qui est devenu cardinal en septembre impulse au dicastère un style nouveau, répondant à des questions doctrinales à un rythme inhabituel pour le Vatican.

En novembre, par exemple, une note de son dicastère a assuré qu’il était bien possible de baptiser des personnes transsexuelles et des enfants nés par GPA.

2-6 août: le pape François retrouve la jeunesse à Lisbonne

Après avoir participé aux Journées mondiales de la jeunesse de Rio (2013), de Cracovie (2016) et de Panama (2019), le pape s’est rendu du 2 au 6 août à Lisbonne pour retrouver des jeunes catholiques du monde entier. Avec plus d’un million et demi de participants réunis lors du week-end final, le rassemblement sera un grand succès populaire.

S’éloignant souvent de son texte, le pape François a préféré improviser pour s’adresser directement aux jeunes, comme lors de la veillée finale durant laquelle il leur a demandé d’être des «missionnaires de la joie». Il a par ailleurs martelé le fait que l’Église devait accueillir tout le monde.

Le pape est allé à la rencontre des jeunes, aux JMJ de Lisbonne | © Vatican Media

La convocation d’un Jubilé des jeunes à Rome en 2025 et des prochaines JMJ de Séoul en 2027 a confirmé la volonté du pape de poursuivre ces grands rassemblements institués par Jean Paul II.

31 août-4 septembre: un pape dans les steppes mongoles

Venu à la rencontre de la minuscule communauté catholique de Mongolie – 1400 croyants – le pape a mis en avant le bel élan missionnaire qui anime ces Églises embryonnaires, concentrées sur l’essentiel de la vie chrétienne. Depuis Oulan-Bator, il a aussi pu envoyer un message à toute l’Asie, et notamment à la Chine – une centaine de catholiques chinois avaient fait le déplacement – pour les assurer de la volonté de l’Église de cheminer respectueusement à leur côté. C’était la première fois qu’un pape foulait le sol mongol. En 2022, il avait créé le premier cardinal en mission dans ce pays.

22-23 septembre: François le Méditerranéen à Marseille

Pour la seconde fois de son pontificat, après un voyage à Strasbourg en 2014, le pape a posé le pied sur le sol français pour effectuer un déplacement de deux jours à Marseille. Le pontife y est venu pour participer à une rencontre d’évêques et de jeunes de la Méditerranée. Il en a profité pour lancer un vibrant appel en faveur de l’accueil des migrants.

Durant son discours à Marseille, le pape a longuement évoqué la question des migrants | © Vatican Media

Malgré une rencontre à huis clos avec le président français Emmanuel Macron, ce déplacement n’était pas une visite d’État officielle. Sur le plan ecclésial, ce voyage a été l’occasion d’un moment de communion entre le pape et les catholiques français rassemblés pour une messe au stade Vélodrome. Le pape les a invités à un «nouveau tressaillement de foi, de charité et d’espérance».

30 septembre: le pape affine son collège des cardinaux

Le pape François a poursuivi le renouvellement du collège cardinalice (près des trois-quarts des cardinaux ont été nommés par lui) en créant fin septembre 21 nouveaux cardinaux, dont 18 électeurs en cas de conclave. Si des évêques venus des périphéries font partie de cette neuvième promotion, le consistoire a été marqué par l’entrée de proches du pape François et de diplomates.

Le cardinal Pierbattista Pizzaballa est patriarche de Terre Sainte depuis 2020 | © Catholic Church of England and Wales/Flickr/CC BY-NC-ND 2.0

L’Europe, quelque peu délaissée par le pontife argentin depuis 2013 au profit de l’Asie ou de l’Afrique, ressort sensiblement renforcée puisque huit cardinaux européens font leur entrée, dont deux Français et le Valaisan Paul Emile Tscherrig. Des choix stratégiques sont par ailleurs opérés, comme celui de créer cardinaux le patriarche latin de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa, ou Mgr Stephen Chow, évêque de Hong Kong.

4 octobre: le pape publie Laudate Deum avant la COP de Dubaï

Huit ans après son encyclique Laudato si’, le pape François choisit de publier en la fête de saint François d’Assise l’exhortation apostolique Laudate Deum afin de renouveler son cri pour une écologie intégrale. Dans ce plaidoyer au ton très politique, le pape fustige les climatosceptiques et déplore les échecs des derniers sommets internationaux sur le climat.

Il consacre un chapitre entier à la COP28 de Dubaï, plaidant pour qu’à cette occasion soient mises en place des formes de transition énergétique «efficaces, contraignantes et facilement contrôlables». Malade, le pape devra finalement renoncer à rejoindre Dubaï pour porter le message de Laudate Deum devant les chefs d’État et de gouvernement du monde entier début décembre.

28 octobre: le Synode sur l’Avenir de l’Église vote la synthèse

Pour la première fois depuis sa création, des laïcs hommes et femmes ont pu voter lors d’un Synode des évêques. Au soir du 28 octobre, après un mois de travail à huis clos, 344 membres ont validé une synthèse devant servir de guide jusqu’à la session finale de ce «Synode sur la synodalité» prévue en octobre 2024.

«L’Église a absolument besoin de se mettre à l’écoute de tous, en commençant par les plus pauvres», ont indiqué les membres du synode | © Vatican Media

Le texte d’une quarantaine de pages propose des pistes pour rendre l’Église catholique plus participative et avance des propositions sur des sujets sensibles, comme la place des femmes ou la gouvernance dans l’Église, avec notamment une réflexion sur le ministère des évêques. Prudente, la synthèse reflète aussi des tensions au sein de l’Église, et des divergences entre le Nord et le Sud.

22 novembre: le pape à la peine sur la Terre sainte

Depuis le déclenchement de la guerre en Terre sainte, le 7 octobre, le pape a multiplié les appels en faveur d’un cessez-le-feu. Il a reçu le 22 novembre des proches d’otages israéliens retenus par le Hamas à Gaza, puis des proches de Palestiniens souffrant du conflit. Suivant la ligne de la diplomatie vaticane, le pontife voulait éviter de privilégier l’une ou l’autre partie au conflit. Mais l’initiative s’est révélée être un échec.

Le procès dit ‘de l’immeuble de Londres’ a tenté de déterminer les responsabilités dans un très épineux dossier | © Vatican Media

Côté israélien, des protestations se sont levées après que le pape a condamné le ‘terrorisme’ de cette guerre en semblant viser les deux parties. Et un malaise s’est créé côté palestinien, où l’on assurait que le pape avait parlé de génocide lors de la réunion à huis clos… Un terme réfuté par le Vatican.

Mi-décembre: dernières audiences du grand procès financier

Le grand procès financier du Vatican, dit de ‘l’immeuble de Londres‘, lancé en 2021, a été un signe de la volonté du pontife de réformer l’écosystème économique du Saint-Siège au point d’accepter de faire comparaître un cardinal, Angelo Becciu. La procédure s’est avérée finalement très épineuse pour la justice vaticane.

Le cardinal George Alencherry est confronté, dans son diocèse indien, à une querelle liturgique | © Wikimedia Commons/Flickr/CC BY-SA 4.0

Les débats ont révélé une facette peu avantageuse du fonctionnement de la secrétairerie d’État du Saint-Siège, l’administration centrale du Vatican. Le verdict, tombé le 16 décembre, a été très sévère, notamment pour le cardinal Becciu, qui a été condamné à cinq ans et six mois de prison.

7 décembre: l’Église syro-malabare au bord du schisme

«Rétablissez la communion, restez dans l’Église catholique!». C’est la supplication du pape dans un message vidéo à l’Église indienne syro-malabare. Le pontife a accepté en concomitance la renonciation du chef de cette Église, le cardinal George Alencherry, pris dans la tourmente.

De fait, son archiéparchie d’Ernakulam-Angalamy, au sud de l’Inde, est devenue la ligne de front d’une guerre liturgique depuis l’annonce, en août 2021, de l’entrée en vigueur d’une réforme de ce rite oriental. Votée par le synode des évêques, cette réforme a provoqué une fronde dans le clergé et chez les laïcs. À plusieurs reprises, le pape leur a demandé de se soumettre, avec l’envoi de lettres et d’émissaires, en vain. Cette fois-ci, il leur donne jusqu’à Noël pour appliquer la réforme, les enjoignant à ne pas devenir «une secte». (cath.ch/imedia/ak/cd/cv/hl/rz)

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