Les 198 pays présents à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre sont finalement parvenus à un accord de compromis spécifiant une transition hors des énergies fossiles pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Parmi les décisions qualifiées «d’historiques» figure la mise en œuvre d’un fonds destiné à financer les «pertes et dommages» climatiques des pays vulnérables.
Des déclarations qui n’ont cependant pas convaincu nombre d’ONG. «Un petit pas dans la bonne direction, mais rien de plus», affirme ainsi Alliance Sud, le centre de compétence suisse pour la coopération internationale et la politique de développement. Elle regroupe sept organisations, dont les œuvres d’entraide catholiques Action de Carême (AdC) et Caritas, qui avaient des observateurs à Dubaï.
Ces derniers ont principalement déploré le manque d’ambition de la communauté internationale, notamment en matière de financement. «Pour que les pays les plus pauvres et les plus vulnérables puissent s’adapter aux conséquences négatives du réchauffement de la planète, le financement de l’adaptation par les pays industrialisés doit être doublé et le fonds d’adaptation renforcé», estime Christina Aebischer, experte de l’ONG Helvetas et observatrice à Dubaï. Selon elle, «le financement de l’adaptation doit provenir de fonds publics et être basé sur des dons et non sur des crédits».
Le révérend Jerry Pillay, secrétaire général du Conseil œcuménique des Eglises (COE), basé à Genève, se montre encore plus sévère face aux conclusions du grand raout mondial. «La COP28 a échoué à produire un plan crédible de sortie des énergies fossiles, assure-t-il. Les propositions actuellement sur la table ne peuvent qu’être qualifiées de mesquines, car elles sont loin de répondre aux besoins des pays pauvres et vulnérables aux effets dévastateurs du changement climatique».
Beaucoup d’activistes du climat reprochent aux Etats producteurs de combustibles fossiles et aux pays riches d’avoir poussé à l’adoption de «demi-mesures» leur permettent à la fois de plaider leur bonne volonté auprès de l’opinion publique et de préserver leurs intérêts économiques particuliers.
Les ONG suisses notamment pointent du doigt la Confédération. «L’adoption du nouveau fonds pour les dommages et les pertes au premier jour de la conférence (…) est beaucoup trop peu contraignant pour les États pollueurs (…) note Alliance Sud. La Suisse est presque le seul pays industrialisé à ne pas lui avoir encore alloué un centime – tout en réclamant haut et fort que les autres paient davantage.»
Les résultats de la COP28 sont également loin de convaincre les organisations plus orientées vers les droits humains. «L’absence d’engagements adéquats en matière de financement de la part des pays développés pour aider d’autres États à s’adapter aux effets néfastes du changement climatique laisse les peuples autochtones, les communautés locales et d’autres groupes marginalisés dans l’impossibilité d’exercer leur droit à l’autodétermination et à la liberté d’expression», dénonce ainsi Amnesty International.
Des organisations relèvent cependant des raisons d’espérer. «L’élan pour exiger l’abandon des énergies fossiles a augmenté en raison de l’engagement d’innombrables communautés et organisations de la société civile du monde entier», soulignent notamment David Knecht et Stefan Salzmann, experts d’Action de Carême et observateurs sur place.
La Commission des Episcopats de l’Union européenne (COMECE) a salué «le consensus sur certaines questions essentielles, telles que la prise en compte sérieuse des pertes et dommages et l’élimination progressive des combustibles fossiles d’une manière équitable. «Dans le même temps, souligne l’organisation catholique, nous craignons que la formulation vague n’indique un manque d’engagement sérieux». Et la COMECE d’appeler les parties à «dépasser les intérêts partisans et à prendre des mesures concrètes dans l’intérêt du bien commun, de l’entretien de notre maison commune et de la justice intergénérationnelle». (cath.ch/com/arch/rz)
Raphaël Zbinden
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