La fresque est saisissante. Cette foule innombrable formée de toutes les nations, la voilà devant le Fils de l’homme au terme de l’histoire. L’humanité entière a rendez-vous avec son Dieu. Quand cela se produira-t-il? Question légitime posée depuis toujours. La fête du Christ-Roi nous donne à contempler la royauté de celui qui s’est fait homme. Bien plus, la royauté du Christ nous est confiée comme une manière de vivre la fraternité.
Quand Dieu prend chair, il devient vraiment l’un de nous. L’Évangile nous fait connaître l’humanité que Jésus a assumée jusqu’à la mort sur la Croix. Sa compassion avec les pauvres, les exclus et les pécheurs a mis en relief le choix de Dieu. Mais l’Incarnation va plus loin encore, Jésus va se solidariser avec ceux-là mêmes qui se désolidarisent de lui. Le mystère de l’incarnation de Dieu va jusque-là. Tant que nous n’accueillons pas cette extrême solidarité du Christ avec l’homme en dépit même de son refus de Dieu, nous ne pourrons recevoir la Bonne Nouvelle de ce dimanche.
La rencontre avec le Christ ne peut se réaliser sans la rencontre avec le pauvre. C’est l’unique chemin ouvert à toute femme et à tout homme, qu’il soit croyant ou non, pour humaniser sa propre vie. La gratuité de la compassion introduit au mystère de l’Amour. La royauté du Christ est ainsi dévoilée quand les plus petits sont regardés et aimés. Quelqu’un me disait, il y a quelque temps: «Il faut passer de l’empire du MOI JE au royaume du DON DE SOI».
«Dieu n’est pas à chercher dans le ciel, il est sur nos routes.»
Quand le Fils de l’homme siège sur son trône de gloire pour séparer les hommes les uns des autres comme les brebis des boucs, il ne fracture pas l’humanité en deux parties. Nous pourrions croire qu’il y aurait d’un côté les bons et de l’autre les méchants. Ce n’est pas le genre de Dieu. Non, le Fils de l’homme, le Christ, a tout réconcilié à la Croix. Il a tout assumé même le péché du monde. C’est dire que cette séparation ne se fera pas entre nous, les humains, mais plutôt en nous. Il y a encore en nous des parts de résistance à l’amour, des peurs qui encombrent nos élans de solidarité, des craintes de perdre nos privilèges.
Quand Jésus nous dit que le plus petit geste envers les frères et les sœurs dans le besoin devient le lieu de notre rencontre avec lui, il nous dévoile sa faiblesse et sa fragilité. Dieu n’est pas à chercher dans le ciel, il est sur nos routes, au rendez-vous de toutes nos rencontres. Ainsi, l’accueil du pauvre nous remplit de l’Esprit du Christ pour vivre de la joie de servir Celui qui nous fait tant de signes pour le reconnaître et l’aimer.
Bernard Miserez | Vendredi 24 novembre 2023
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire,
et tous les anges avec lui,
alors il siégera sur son trône de gloire.
Toutes les nations seront rassemblées devant lui ;
il séparera les hommes les uns des autres,
comme le berger sépare les brebis des boucs :
il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche.
Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite :
›Venez, les bénis de mon Père,
recevez en héritage le Royaume
préparé pour vous depuis la fondation du monde.
Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ;
j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ;
j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ;
j’étais nu, et vous m’avez habillé ;
j’étais malade, et vous m’avez visité ;
j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !’
Alors les justes lui répondront :
›Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu…?
tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ?
tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ?
tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ?
tu étais nu, et nous t’avons habillé ?
tu étais malade ou en prison…
Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?’
Et le Roi leur répondra :
›Amen, je vous le dis :
chaque fois que vous l’avez fait
à l’un de ces plus petits de mes frères,
c’est à moi que vous l’avez fait.’
Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche :
›Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits,
dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges.
Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ;
j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ;
j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ;
j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ;
j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.’
Alors ils répondront, eux aussi :
›Seigneur, quand t’avons-nous vu
avoir faim, avoir soif, être nu, étranger, malade ou en prison,
sans nous mettre à ton service ?’
Il leur répondra :
›Amen, je vous le dis :
chaque fois que vous ne l’avez pas fait
à l’un de ces plus petits,
c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.’
Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel,
et les justes, à la vie éternelle. »
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