Au lendemain de la réception par le pape François de deux délégations israélienne puis palestinienne le 22 novembre 2023, l’Association des rabbins italiens reproche au pontife et à l’Église catholique d’avoir effectué une «acrobatie diplomatique" au lieu de faire preuve «de proximité et de compréhension« pour les victimes israéliennes.
Dans un communiqué publié le 23 novembre, les rabbins d’Italie déplorent en particulier les déclarations du pape prononcées pendant l’audience générale, considérant qu’il a «publiquement accusé les deux parties de terrorisme».
Selon eux, le pape met «sur le même plan» l’agresseur et l’agressé dans l’actuel conflit en Terre Sainte «au nom d’une prétendue impartialité». «Nous nous demandons à quoi ont servi des décennies de dialogue judéo-chrétien en parlant d’amitié et de fraternité», interrogent-ils, critiquant l’»équidistance glaciale» de l’Église alors que «certains tentent d’exterminer les juifs».
Sans nommer personne, les rabbins dénoncent ensuite les «déclarations problématiques» faites par certains hauts représentants de l’Église, dans lesquelles il n’est pas fait référence à l’agression du Hamas.
Les rabbins italiens affirment en outre que l’audience accordée la veille par le pape aux proches d’otages enlevés par le Hamas avait été demandée de longue date et n’a été rendue possible que «parce qu’elle a été suivie d’une rencontre avec des parents de Palestiniens emprisonnés en Israël». Or ces prisonniers palestiniens, affirment-ils, sont souvent détenus «pour des actes de terrorisme très graves».
Les dix membres de la délégation palestinienne qui ont rencontré le pape ont été présentés par le Vatican non comme des parents de prisonniers, mais comme des proches de personnes en souffrance à Gaza. La question des prisonniers palestiniens a néanmoins été abordée lors d’une conférence de presse organisée par les Palestiniens après la rencontre. Une jeune femme faisant partie de la délégation a notamment témoigné de son combat pour obtenir le corps de son frère jumeau, tué par l’armée israélienne.
Dans un entretien accordé à la télévision italienne le 1er novembre, le pape François avait déploré qu’un «antisémitisme caché» demeure dans la société contemporaine, mais avait confié ne pas savoir comment expliquer ce phénomène. «C’est un fait que je vois et que je n’aime pas», avait-il affirmé.
Le 6 novembre, le pape François avait reçu une délégation de la conférence des rabbins européens au Vatican. Invoquant des problèmes de santé, il n’avait pas lu le discours qui avait été préparé et dans lequel il condamnait l’antisémitisme. Le discours écrit avait toutefois été rendu public. (cath.ch/imedia/cd/mp)
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