Avec kath.ch
Dans sa lettre en douze points adressée le 13 novembre 2023 à la présidence de l’Eglise du canton de Lucerne et dont kath.ch a eu connaissance, l’évêque de Bâle critique avec véhémence les décisions de son assemblée. Il relève notamment que des décisions ont été prises le 8 novembre, alors que l’assemblée savait au préalable que certaines exigences formulées avaient déjà été mises en œuvre par le diocèse ou par la Conférence des évêques suisses (CES).
«Je suis déconcerté par le fait que le synode de Lucerne me pose des exigences dont il sait qu’elles sont déjà satisfaites, ou que je ne peux pas satisfaire parce que je n’en ai pas la compétence ou encore qui font l’objet de négociations avec des tiers», explique Mgr Gmür. L’évêque n’accepte pas en outre que le synode «ignore les personnes précisément engagées pour le traitement des cas d’abus sexuels, qui fournissent depuis des années un travail sérieux et professionnel». »Mon supérieur est le pape et personne d’autre», insiste l’évêque.
Mgr Felix Gmür évoque concrètement, l’annonce par le diocèse, deux jours plus tôt, du lancement d’enquêtes indépendantes confiées à un cabinet d’avocats privé. «Le communiqué de presse correspondant du 6 novembre aurait dû être connu du synode», déplore l’évêque. Il en va de même pour l’interdiction de détruire des documents concernant les abus, prise en septembre par la Conférence des évêques suisses (CES)
Pour le diocèse de Bâle, une avocate indépendante et externe est déjà en charge de la coordination sur les cas d’abus depuis 2017. Enfin pour ce qui concerne l’ouverture des archives de la nonciature apostolique à Berne «ce n’est pas l’évêque qui décide, mais le Saint-Siège».
Enfin en ce qui concerne les réformes de fond, «l’évêque de Bâle ne peut pas décider de l’abandon de la morale sexuelle de l’Eglise», écrit Mgr Gmür. Qui rappelle que ces sujets sont sur la table, qu’ils ont été dernièrement discutés à l’assemblée synodale du diocèse à Berne, ainsi qu’à la Conférence des ordinaires de Suisse alémanique (DOK), à la CES et, en outre, au Synode des évêques à Rome au mois d’octobre.
La décision de l’assemblée de la corporation ecclésiastique lucernoise constitue aux yeux de l’évêque, un «revers cuisant». Une Église moderne et synodale devrait plutôt lutter ensemble pour trouver des réponses aux questions et des solutions aux problèmes, souligne-t-il.
Rappelons brièvement que le 8 novembre, l’assemblée de la corporation ecclésiastique du canton de Lucerne posait des exigences à l’évêché de Bâle en matière de traitement des cas d’abus sexuels, sous peine de suspendre le versement de la moitié de sa contribution annuelle au diocèse .
Cette décision suivait celle de deux secteurs pastoraux regroupant 14 paroisses du canton de Lucerne de bloquer leur contribution diocésaine jusqu’à ce que leurs exigences concernant le traitement des cas d’abus soient remplies. L’intention était d’éviter ainsi les sorties l’Eglise massives dans ces paroisses.
Interpellée par kath.ch, la direction de l’Eglise cantonale lucernoise a indiqué prendre acte de la lettre de l’évêque. Dans les prochaines semaines, la commission parlementaire spéciale se penchera sur la mise en œuvre de la motion du Synode. »Cela se fera en collaboration avec l’évêché», assure la présidente du Conseil synodal Annegreth Bienz-Geisseler. (cath.ch/mp)
Maurice Page
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