Sans désir, pas de vie! Nous savons d’expérience que le désir est le moteur de nos existences. Il est l’expression de nos curiosités, de nos attentes et de nos aspirations profondes. C’est bien parce que nous attendons quelque chose de la vie que celle-ci peut nous donner ce qui en est le sens, ce qui la motive. Or pour qu’un moteur fonctionne il faut du carburant; pour qu’une lampe éclaire il faut de l’huile. La parabole de ce jour évoque ce qui fait fonctionner la vie avec Dieu. Dans la Bible, l’alliance de Dieu avec l’humanité prend la forme des noces et du festin qui les nourrit.
La bonne nouvelle de cet évangile est que le royaume de Dieu est semblable à dix vierges qui prennent leur lampe pour aller à la rencontre de l’époux. Les dix ont le même désir, les dix ont part au Royaume. Certes, certaines sont plus prévoyantes que d’autres, mais Dieu les destine toutes à la noce: Dieu ne fait pas de séparation entre les meilleurs et les moins bons. La générosité de son amour n’est pas une récompense pour les plus méritants, il se donne à toutes et à tous.
Seulement, pour recevoir cet amour et s’en réjouir il convient de s’y disposer par le désir de notre impatience. Or la moitié des vierges de l’évangile, dans leur folie, n’ont rien prévu pour recevoir la lumière de l’amour. En effet, sans huile, la lampe est inutile et sans amour la noce est vaine! Le récit biblique les qualifie de folles. En fait elles sont imprévoyantes mais dans le contexte du retour de l’époux, cette imprévoyance est pure folie.
«Contrairement à ce que certains veulent nous faire croire il n’y a pas d’un côté les gentils et de l’autre les méchants.»
Le contraire de la folie, c’est la sagesse. Nous apprenons dans la première lecture que la sagesse est resplendissante et qu’elle se laisse contempler par celles et ceux qui l’aiment. Nous entendons même qu’elle devance tout désir en se faisant connaitre la première. La sagesse, c’est Dieu qui vient à notre rencontre.
Il y a en chacun de nous une part de sagesse et une part de folie. La figure de ces dix jeunes filles ne caractérise pas les uns contre les autres. Contrairement à ce que certains veulent nous faire croire il n’y a pas d’un côté les gentils et de l’autre les méchants. Tous sont capables d’amour mais aussi tous sont capables de violence et l’actualité nous en impose le terrible spectacle. Lorsque l’amour n’est pas aimé, l’humain est défiguré et Dieu, quel que soit le nom que lui donnent nos croyances, en est profondément atteint. Il en est même crucifié!
Ainsi pouvons-nous comprendre la réaction déçue et triste de l’époux lorsque celles et ceux qu’il attend sont absents. Il ne peut ni connaître ni se reconnaître dans cette part de notre humanité qui est absente de l’amour. En revanche il se réjouit avec celles et ceux qui ont vu clair. L’huile de nos désirs se fait lumière de son amour. Au milieu de nos nuits nous entendons des cris, ceux assourdissants de la guerre, mais aussi ceux qui annoncent la venue de l’époux. Par Jésus, Dieu vient à la rencontre de celles et ceux qui viennent à sa rencontre. Le désir est réciproque; c’est ce qui caractérise une noce!
Philippe Matthey | Vendredi 10 novembre 2023
Mt 25, 1-13
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples cette parabole :
« Le royaume des Cieux sera comparable
à dix jeunes filles invitées à des noces,
qui prirent leur lampe
pour sortir à la rencontre de l’époux.
Cinq d’entre elles étaient insouciantes,
et cinq étaient prévoyantes :
les insouciantes avaient pris leur lampe sans emporter d’huile,
tandis que les prévoyantes avaient pris, avec leurs lampes,
des flacons d’huile.
Comme l’époux tardait,
elles s’assoupirent toutes et s’endormirent.
Au milieu de la nuit, il y eut un cri :
›Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre.’
Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent
et se mirent à préparer leur lampe.
Les insouciantes demandèrent aux prévoyantes :
›Donnez-nous de votre huile,
car nos lampes s’éteignent.’
Les prévoyantes leur répondirent :
›Jamais cela ne suffira pour nous et pour vous,
allez plutôt chez les marchands vous en acheter.’
Pendant qu’elles allaient en acheter,
l’époux arriva.
Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces,
et la porte fut fermée.
Plus tard, les autres jeunes filles arrivèrent à leur tour et dirent :
›Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !’
Il leur répondit :
›Amen, je vous le dis :
je ne vous connais pas.’
Veillez donc,
car vous ne savez ni le jour ni l’heure. »
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