Les juifs quittent la communauté de travail interreligieuse de Suisse

La guerre entre les Palestiniens du Hamas et Israël divise également les religions en Suisse. Les deux représentants des associations faîtières juives quittent avec effet immédiat le comité de la Communauté de travail interreligieuse en Suisse IRAS COTIS au motif qu’elle est présidée par une islamologue pro-palestinienne.

L’IRAS COTIS regroupe 70 communautés religieuses et a pour but de promouvoir les échanges entre elles. Elle est majoritairement financée par les pouvoirs publics, les Eglises et les fondations. La raison de la démission des associations juives est la personne de la présidente l’islamologue Rifa’at Lenzin, rapporte la NZZ am Sonntag. Experte du dialogue interreligieux, enseignante aux universités de Fribourg et de Berne, elle est également membre de l’Association Suisse-Palestine (ASP).

Une association hostile à Israël

Pour Jonathan Kreutner, secrétaire général de la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI), cette appartenance «représente une rupture fondamentale de la confiance envers la communauté juive». Interrogé par la NZZ am Sonntag, le responsable juif indique qu’il l’a contactée et qu’il a espéré jusqu’au bout que Rifa’at Lenzin quitterait l’association controversée dans l’intérêt du dialogue interreligieux. Mais comme elle n’était pas prête à le faire et qu’elle ne mettait pas non plus son poste de présidente à disposition, il n’avait pas d’autre choix que de démissionner.

L’association Suisse-Palestine est considérée comme hostile à Israël. En tant que conseiller national des Verts, le président Geri Müller avait invité en 2012 des représentants du Hamas au Palais fédéral. L’association dénonce Israël comme un «État d’apartheid colonialiste» et appelle au boycott de certains produits en provenance d’Israël.

«Pour des raisons personnelles et familiales, je m’engage depuis de nombreuses années déjà pour les droits légitimes des Palestiniens», a répondu Rifa’at Lenzin. C’est pourquoi l’adhésion à l’ASP est pour elle «logique».

Le dialogue interreligieux en danger?

Le pasteur réformé Christoph Knoch vice-président de l’IRAS COTIS, regrette que «des années de travail et de construction de la confiance soient en danger». Il s’est dit consterné par certaines déclarations du groupe Suisse-Palestine. Ainsi, il est inacceptable de remettre en question le droit à l’existence d’Israël. Le fait que la présidente soit membre est une décision personnelle et privée. «J’aurais toutefois souhaité qu’elle regarde les choses d’un œil plus critique», estime le pasteur.

Attaques contre la Commission fédérale contre le racisme

Rifa’at Lenzin est également membre de la Commission fédérale contre le racisme (CFR). Aujourd’hui, elle fait également l’objet de critiques dans le cadre de ce mandat. La CFR a réagit avec réserve à ces accusations. Sa présidente, Martine Brunschwig Graf, note que la commission est également très préoccupée par la montée de l’antisémitisme. Mais elle rappelle aussi qu’en 14 ans de présence, Mme Lenzin a fait un excellent travail, qu’elle est une experte compétente, qui s’est toujours engagée dans la lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Elle souligne également qu’il faut faire la distinction entre la critique légitime d’Israël et les propos antisémites.  (cath.ch/NZZ/mp)

Maurice Page

Portail catholique suisse

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