Indonésie: un TikToker arrêté pour des «blagues» sur le christianisme

Un TikToker indonésien accusé de blasphème contre le christianisme a été arrêté dans la province de Sumatra du Nord, dans l’ouest de l’archipel. En cause: des vidéos, devenues virales, se moquant du christianisme qu’il a postées sur la plateforme chinoise.

La police a déclaré que l’influenceur avait été arrêté à son domicile dans le courant du mois d’octobre. «Nous avons arrêté l’utilisateur de TikTok car il est soupçonné d’avoir commis un blasphème contre le christianisme», a déclaré un officier de police, selon le South China Morning Post.

Le jeune homme de 28 ans aurait insulté la foi chrétienne dans l’une de ses vidéos en disant aux chrétiens de rendre une croix à l’entreprise publique PLN (production et distribution d’électricité) pour qu’elle soit réutilisée comme poteau électrique une fois qu’ils se seraient «repentis». Ce clip est devenu viral sur TikTok. Dans un autre message publié sur la plateforme, le TikToker a également déclaré qu’il se rendrait dans une église et diffuserait la bande originale de la série animée britannique pour enfants «Shaun le mouton» à l’aide d’un haut-parleur Bluetooth.

Jusqu’à six ans de prison

La police a déclaré que l’homme s’était excusé pour ses vidéos qui, selon lui, étaient des «blagues», a rapporté le Jakarta Post. Des «blagues» pour lesquelles il sera inculpé d’incitation à la haine en vertu de la loi sur l’Information et les transactions électroniques (ITE), qui prévoit une peine pouvant aller jusqu’à six ans d’emprisonnement.

Selon le groupe de défense des droits numériques, le Réseau pour la liberté d’expression en Asie du Sud-Est (SAFEnet), il y a eu environ 97 cas impliquant la loi ITE en 2022.

Les cas d’arrestation et de condamnation pour blasphème se sont multipliés dans le pays ces dernières années. Une influenceuse sur TikTok a été condamnée, en septembre, à deux ans de prison après avoir récité une prière islamique avant de manger du porc dans une vidéo virale, que les hautes instances islamiques d’Indonésie ont qualifiée de blasphématoire. Le blasphème est une infraction pénale dans ce pays à majorité musulmane, passible d’une peine maximale de cinq ans d’emprisonnement.

L’année dernière, la police indonésienne a arrêté six personnes accusées de blasphème à la suite d’une promotion d’alcool gratuit dans une chaîne de bars pour les clients portant le nom de Mahomet.

En 2018, un tribunal de Sumatra a condamné une femme bouddhiste d’origine chinoise qui s’était plainte du volume des haut-parleurs d’une mosquée à 18 mois de prison pour blasphème. Ses commentaires avaient également déclenché une émeute dans sa ville natale de Sumatra deux ans plus tôt.

L’année dernière, Human Rights Watch a déclaré que la loi indonésienne sur le blasphème était susceptible d’être utilisée à mauvais escient, car «elle permet de faire de la protection de la religion un outil politique».

Un rapport du département d’État américain datant de 2021 fait état d’une intolérance croissante à l’égard des minorités religieuses en Indonésie, notamment en ce qui concerne la fermeture de lieux de culte, l’accès des organisations religieuses étrangères et les condamnations pour blasphème. L’Indonésie reconnaît officiellement six religions: l’islam, le catholicisme, le protestantisme, le bouddhisme, l’hindouisme et le confucianisme. (cath.ch/eda/scmp/bh)

Bernard Hallet

Portail catholique suisse

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