Le speaker fraîchement élu avait une explication pour sa soudaine ascension de l’anonymat politique à la tête du Congrès américain: «C’est Dieu qui institue l’autorité», a expliqué Mike Johnson dans son discours d’investiture le 26 octobre 2023 à la Chambre des représentants, rapporte l’agence catholique allemande KNA
De fait, après 22 jours de guerre interne, 220 membres du groupe parlementaire républicain l’ont soutenu pour obtenir une majorité. Dans une première historique, le groupe parlementaire avait d’abord destitué son prédécesseur Kevin McCarthy. Il a ensuite écarté son numéro deux Steve Scalise, puis le numéro trois, Tom Emmer. Entre les deux le père des populistes de droite au Congrès, Jim Jordan avait été éliminé.
Johnson a présenté une interprétation biblique de cette division au sein du groupe républicain citant l’apôtre Paul dans sa lettre aux Romains: «Bien plus, nous nous glorifions même dans les tribulations, sachant que la tribulation produit la persévérance, la persévérance une fidélité éprouvée, et la fidélité éprouvée l’espérance.»(5,3-5)
Le député de Shrevenport dans l’État américain de Louisiane, inconnu en dehors du monde évangélique, est porteur d’espoir pour la droite chrétienne. Brent Leatherwood, chef de la commission d’éthique de la grande église protestante des baptistes du Sud s’est montré très heureux de l’ascension de son ancien collègue du comité directeur.
L’épouse de Johnson, mère de ses quatre enfants, n’a pas pu arriver à temps à Washington pour la remise du marteau de speaker. Après avoir remercié sa femme Kelly pour son soutien, il a donné une explication à son absence qui a fait sursauter de nombreux démocrates. «Elle a passé les dernières semaines à prier notre Seigneur à genoux», a déclaré Johnson avec gravité. «Elle est un peu épuisée maintenant».
Cet homme de 51 ans la doit aussi son ascension à la tête du Congrès américain à sa loyauté envers Donald Trump, dont les plus fidèles partisans se trouvent parmi les évangéliques. Avec son look de citoyen modèle, Johnson s’est profilé par le passé comme un trumpiste pur et dur. Son surnom est MAGA-Mike, MAGA étant l’abréviation du slogan de l’ex-président «Make America Great Again».
Il ne fait aucun doute qu’il ne considère pas la victoire électorale du démocrate Joe Biden comme légitime. En janvier 2021, il a travaillé dans l’ombre pour contester l’investiture de Biden devant la Chambre des représentants. Il a rédigé une requête à la Cour suprême visant à faire invalider les résultats des élections dans quatre États. Lorsque le nom de Johnson est apparu dans le carrousel des candidats, Donald Trump a donné l’ordre à ses partisans au Congrès: «Faites-le, vite!»
Avec l’élection en tant que speaker, un des rêves de la droite chrétienne populiste se réalise: Johnson est un opposant radical à l’avortement, s’oppose au «mariage gay» et aux droits LGTBQ+ et met ouvertement en doute le changement climatique. Il soutient l’aide à Israël, mais pas les armes pour l’Ukraine.
Cet «idéologue strict» devra néanmoins se modérer en raison de la faible majorité de son groupe parlementaire. S’il dépassait les bornes, il ne faudrait pas plus de cinq républicains modérés pour pour le destituer. Car l’homme ne pourrait en aucun cas compter sur un soutien chez les démocrates. (cath.ch/kna/mp)
Maurice Page
Portail catholique suisse
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