*L’évangile de ce dimanche comporte LE double commandement central de notre foi: l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Au risque d’étonner – et peut-être de décevoir – ceux qui souhaiteraient lire un commentaire sur l’amour, je voudrais plutôt m’arrêter sur le petit verset qui indique, au début de ce passage, que Jésus «avait fermé la bouche aux sadducéens». Jésus, le Verbe de Dieu, «ferme la bouche» à ses interlocuteurs, les laisse sans mots. Nous sommes plus habitués à voir le Christ qui rend la parole aux muets qu’à voir un Jésus qui empêche quelqu’un de parler. Que veut nous dire le Christ à travers une telle attitude?
Tout d’abord, Jésus nous invite à l’imiter. Il nous faut, nous aussi, fermer la bouche à des interlocuteurs mal intentionnés. Il y a beaucoup de voix discordantes, beaucoup de personnes qui cherchent à nous entraîner à leur suite, à nous séduire par leurs belles paroles. Or la caractéristique du disciple du Christ est de n’écouter que son Maître et de désobéir à toutes les autres voix.
Cela ne veut pas dire que le disciple du Christ ne doit se laisser bercer que par de pieuses paroles. Cela ne veut certainement pas dire qu’il devrait se montrer imperméable aux propos qui viendraient de cercles extérieurs à ceux qu’il fréquente habituellement. Mais cela veut dire que le disciple du Christ se doit toujours de tendre l’oreille pour n’écouter que Dieu seul, pour reconnaître sa parole même quand la langue qu’Il emploie paraît inhabituelle ou portée par une voix inattendue.
«Se taire pour redonner du poids à la parole, c’est l’attitude qui creuse en nous l’amour du prochain.»
Ensuite, Jésus nous invite à accepter de fermer la bouche à notre tour pour retrouver le sens profond de la parole. Il est dit dans l’Evangile que les interlocuteurs de Jésus cherchent à Le «mettre à l’épreuve». La manière dont ils Lui adressent la parole ne témoigne pas d’une volonté d’entrer en relation avec Lui, de chercher avec Lui la vérité. Il ne s’agit pas pour eux de rencontrer une personne. Mais il s’agit de tenter, par des mots, de jouer avec des idées pour ensuite se placer en juges des propos tenus et ergoter sur des formules sans épaisseur humaine.
Quand la parole n’est plus adressée à une personne concrète, quand les mots et les idées tournent en boucle, il vaut mieux se taire car alors la parole que nous prononçons est dénaturée et elle nous éloigne du Christ.
Faire taire et se taire, voici les deux attitudes auxquelles l’Evangile nous invite ce dimanche, deux attitudes finalement liées au commandement de l’amour de Dieu et du prochain. Faire taire toutes les voix discordantes, c’est en effet accepter de n’aimer que Dieu. Se taire pour redonner du poids à la parole, c’est l’attitude qui creuse en nous l’amour du prochain. Ferme ta bouche et tu sauras quel est le plus grand commandement. Ferme ta bouche et Celui qui est la Parole te donnera des mots pour dire l’amour en vérité.
Jacques-Benoît Rauscher | Vendredi 27 octobre 2023
*Ce commentaire d’Evangile a été précédemment publié sur cath.ch le 23 octobre 2020
Mt 22, 34-40
En ce temps-là,
les pharisiens,
apprenant que Jésus avait fermé la bouche aux sadducéens,
se réunirent,
et l’un d’entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus
pour le mettre à l’épreuve :
« Maître, dans la Loi,
quel est le grand commandement ? »
Jésus lui répondit :
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu
de tout ton cœur,
de toute ton âme et de tout ton esprit.
Voilà le grand, le premier commandement.
Et le second lui est semblable :
Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
De ces deux commandements
dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. »
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