Opération «déluge d’Al-Aqsa». C’est le nom de l’attaque massive lancée samedi 7 octobre par le Hamas contre Israël depuis la bande de Gaza, mettant fin à une trêve globalement respectée depuis la fin d’une guerre de cinq jours entre Israël et le territoire palestinien en mai dernier.
La branche armée du mouvement islamiste, qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007, a annoncé avoir lancé plus de 5000 roquettes et infiltré des combattants en territoire israélien. Le dernier bilan fait état de plus de 800 morts côté israélien et environ 700 morts côté palestinien. Le Hamas détiendrait plus de 150 otages israéliens. Le siège complet de Gaza est interdit par le droit international humanitaire, a rappelé de son côté l’ONU le 10 octobre.
«Tout en priant pour les victimes, leurs familles et toutes les personnes affectées, nous espérons que les opérations militaires cesseront bientôt», indique à l’agence Fides l’association ‘Religions pour la paix’ qui promeut le dialogue interreligieux au niveau international. L’association espère que «nous reprendrons le travail pour construire une coexistence pacifique qui ne peut être fondée que sur l’équité, ce qui signifie l’acceptation, une fois pour toutes, du droit de l’État d’Israël à exister et du droit du peuple palestinien à son propre État indépendant»
L’organisation partage le point de vue du groupe «Rabbins pour les droits de l’homme» opérant en Israël, qui, face à «une tragédie sans précédent en termes de victimes, de blessés et d’enlèvements», note: «Une chose est douloureusement claire aujourd’hui encore: cette réalité n’est pas une question de destin, et aucune personne, homme, femme ou enfant, ne devrait vivre dans la peur, se cacher dans des abris ou fuir pour se réfugier.»
«La sécurité n’est pas un privilège, ajoute l’organisation, c’est un droit fondamental auquel chaque individu a droit, du simple fait de son appartenance à l’humanité. Mais c’est aussi ce qui a été volé à tous les habitants de cette terre depuis de trop nombreuses années, qu’ils soient Israéliens ou Palestiniens, laissant derrière eux une traînée de sang. Ce cycle doit cesser.»
«Il est déjà évident, notent les rabbins, que la nouvelle réalité qui nous attend ne peut pas être celle d’hier. La grande question qui se pose est de savoir si nous nous laisserons entraîner par ces concepts, qui ont échoué et qui se sont révélés nocifs à maintes reprises, ou si nous nous tournerons vers quelque chose de fondamentalement différent, une voie qui garantira non seulement notre paix mais aussi la leur, notre avenir et le leur, notre dignité et la leur.»
Parmi les organisations qui ont toujours été actives sur le plan social et humanitaire en Terre Sainte, l’Ordre Souverain de Malte espère que la spirale de la violence soit stoppée immédiatement. «Aucun acte de terrorisme et l’usage indiscriminé de la force contre des populations innocentes ne peuvent être justifiés.» L’Ordre de Malte appelle au «plein respect du droit humanitaire international, de l’État de droit et de la protection des innocents impliqués dans le conflit».
Il appelle également toutes les parties «à respecter les droits de ceux qui travaillent dans les hôpitaux et les cliniques, qui fournissent les premiers soins et qui gèrent les services d’ambulance. Trop souvent, ceux qui assistent de manière désintéressée les malades et les nécessiteux deviennent eux-mêmes des victimes».
Enfin, l’Ordre de Malte demande à la communauté internationale de «faire tous les efforts possibles pour mettre fin à l’escalade et à la spirale de la violence, pour protéger les vies humaines et pour créer les conditions d’une solution globale et durable au conflit israélo-palestinien, dans l’esprit des résolutions pertinentes des Nations Unies».
De son côté, Mgr Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, tout en se faisant le relais du «chagrin» exprimé par le pape François lors de l’Angélus, a souligné que la guerre a bien été «provoquée» par l’attaque palestinienne.
Dans une Interview publiée sur le site Vatican News le 9 octobre, Mgr Rafic Nahra, le vicaire patriarcal pour Israël et évêque auxiliaire du Patriarcat latin de Jérusalem, estime que «quelle que soit la situation dans laquelle on se trouve, des attaques sur des personnes civiles et non armées n’est jamais justifiée». «Il est vrai, reconnaît-il, qu’il y a une situation politiquement compliquée, surtout avec le gouvernement actuel. Il y a une très grande pression sur les territoires, sur la population palestinienne. Il y a des injustices, il y a l’occupation, Gaza est une grande prison, etc.»
«Israël est en train de signer des accords de paix avec beaucoup de pays alentour, mais pas avec les Palestiniens. Et tant qu’il n’y aura pas un accord de paix avec la population palestinienne – il y a quand même 5 millions de Palestiniens qui vivent dans les territoires – il n’y aura jamais de paix en Israël», prévient Mgr Hahra.
«Mais quoiqu’il en soit, quelle que soit la situation, attaquer des civils ou tuer et prendre comme otages des civils désarmés est inacceptable. C’est ça qui a été sidérant hier (samedi 7 octobre, ndlr), cette manière de traiter des civils comme si c’était de la marchandise, c’était incroyable.» (cath.ch/fides/vatnews/ag/bh)
Bernard Hallet
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