Un an après les élections présidentielles, et suite à un audit indépendant, la Conférence des évêques catholiques du Kenya (KCCB) propose un amendement constitutionnel. Cela devrait permettre, selon elle, d’éviter les suspicions et doutes récurrents sur le processus électoral, qui aboutissent toujours à des violences au lendemain d’une élection présidentielle.
Depuis 2007, plus de 2000 personnes ont été tuées dans des affrontements post-électoraux. Les violences les plus graves ont eu lieu lors de l’élection présidentielle de décembre 2007. Elles ont duré jusqu’en février 2008, faisant 1500 morts et contraint au déplacement plus de 300’000 personnes, selon l’ONU.
Pour éviter ces violences, la KCCB propose certains changements constitutionnels. Elle a remis un document de dix pages aux membres du Comité de dialogue national, co-présidé par Kalonzo Musyoka, chef du parti Wiper democratic movement (AZMIO), et par Kimani Ichung’wah, président du groupe parlementaire de la majorité présidentielle Kenya Kwanza, a précisé le quotidien kenyan The Nation.
Outre l’amendement constitutionnel, les évêques ont aussi plaidé en faveur d’une modification de l’article 88 ou de l’article 250 de la Constitution. Ils souhaitent la création d’un organisme indépendant, qui nommerait le président et les membres de la Commission électorale indépendante et de délimitation des frontières entre les comtés (IEBC: Independent Electoral and Boundaries Commission).
Ils ont d’ailleurs suggéré un autre amendement à la Constitution pour délimiter les comtés, les circonscriptions et les quartiers selon des critères d’affinité et de proximité, et non de taille de population comme c’est le cas depuis leur création.
Tout en appelant à l’introduction du poste de leader de l’opposition, les évêques suggèrent aussi de supprimer le titre de Premier secrétaire du Cabinet, le qualifiant d’«inutile».
La KCCB recommande encore des mesures pour mettre fin à la «culture de transhumance politique» qui se caractérise par des défections d’hommes politiques. Cette pratique est courante dans de nombreux pays africains, où des opposants, une fois élus, démissionnent de leur parti politique pour rejoindre le parti au pouvoir.
Pour les évêques kényans, ce «braconnage» des camps rivaux va contre les principes de la démocratie multipartite. Il résulte de mauvaises lois, de mauvaises politiques. Il s’apparente également à de la corruption et de l’impunité.
Pour lutter contre ce phénomène, l’Église a demandé l’application de la loi sur les partis politiques qui prévoit, dans te tels cas, une élection partielle, a rapporté le Service d’information catholique pour l’Afrique (CISA). (cath.ch/ibc/lb)
Ibrahima Cisse
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