Par Jacqueline Straub, kath.ch, adaptation Grégory Roth
Le Secrétaire général de la RKZ répondait le 5 octobre 2023 aux questions de la présentatrice Franziska Ramser lors de l’émission «Rundschau" de la SRF. Le représentant de l’organisation faîtière des Églises catholiques cantonales
réagissait à un reportage sur une paroisse qui a coupé les vivres aux évêques et qui verse désormais sur un compte bloqué le 1% de l’impôt ecclésiastique que perçoit le diocèse.
Urs Brosi exprime une «grande compréhension» face à ces réactions paroissiales, car les attentes quant à une solution concrète au problème d’abus sont énormes. Il a néanmoins exprimé ses inquiétudes: «C’est juridiquement problématique, car la paroisse ne verse pas sa contribution directement au diocèse et à l’évêque.»
Il a l’impression qu’à long terme, il sera difficile que «chaque paroisse, chaque canton établisse lui-même, un catalogue de revendications et tente d’entreprendre quelque chose». En tant qu’organisation faîtière, la Conférence centrale tente de canaliser et de coordonner ces efforts et de faire pression.
Urs Brosi plaide pour des décisions ayant un impact structurel, afin qu’à l’avenir, les abus puissent être évités autant que possible. «La cellule d’alerte, envisagé par la Conférence centrale et les évêques, est nécessaire. Mais celle-ci ne doit pas seulement collecter les signalements, mais aussi contrôler si les procédures sont correctement appliquées par les évêques».
La procédure sera alors de la compétence des évêques et des paroisses qui les engagent, mais la responsabilité restera celle des évêques. «Nous voulons contrôler que les évêques s’occupent réellement de cette question et qu’ils feront preuve à l’avenir de la cohérence qu’ils revendiquent», déclare Urs Brosi.
«Je le reconnais volontiers: c’est un acte de méfiance», répond Urs Brosi à la présentatrice. Une méfiance qui fait suite aux révélations selon lesquelles Rome a ouvert une enquête contre six membres de la Conférence des évêques suisses (CES) pour dissimulation et même, pour l’un d’entre eux, pour agression sexuelle.
La présidence de la RKZ s’est alors posé la question suivante: «Pouvons-nous avoir confiance qu’un suivi sera réellement mis en œuvre si nous n’y regardons pas de plus près? C’est pourquoi la cellule d’alerte doit désormais avoir un droit de regard et avoir accès aux dossiers pour savoir ce qui se passe avec les procédures».
Urs Brosi a également évoqué le fait que la morale sexuelle de l’Église catholique devait être modifiée. «Nous ne pourrons pas réécrire les manuels. Car il s’agit d’un processus. Mais dans la société, la morale sexuelle de l’Église a perdu de son influence. Comment est-ce possible que, dans l’Église catholique, les collaborateurs risquent encore d’être licenciés s’ils se remarient civilement après un divorce? C’est ce que la Conférence centrale veut changer. Parce qu’une morale sexuelle rigide et homophobe est aussi l’un des facteurs qui favorisent les abus sexuels».
La RKZ a annoncé récemment qu’elle souhaitait réduire les fonds alloués aux évêques si ces derniers ne répondaient pas à ses exigences. Urs Brosi déclare que l’organisation faîtière a actuellement entamé une consultation de ses membres à ce sujet. «Sur la base des réactions qui nous parviennent jusqu’à présent, il ne semble pas que ce point soit convaincant».
Les revendications de la RKZ reçoivent un large soutien, sauf celle qui concerne le levier financier. Elle devrait faire preuve de davantage de prudence, a entendu dire à plusieurs reprises Urs Brosi. (cath.ch/kath/jas/gr)
Rédaction
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/urs-brosi-reduire-largent-pour-les-eveques-ne-convainc-pas-la-rkz/