Adressant un avertissement aux journalistes, il a regretté que les précédents synodes aient été pollués par des débats venus des opinions publiques et a dit souhaiter que le silence et l’écoute priment durant ce mois de travail.
Dans la grande salle Paul VI du Vatican, les 365 membres du Synode ont participé cet après-midi à leur première congrégation générale. Dans un discours improvisé, le pape François a martelé que le «Synode n’est pas un parlement», reprenant une formule déjà utilisée quelques heures plus tôt lors de la grande messe d’ouverture du Synode place Saint-Pierre.
Souhaitant donner quelques conseils à cette assemblée composée d’évêques, de religieux et de laïcs – hommes et femmes -, il a invité à refuser «les voix qui ne viennent pas de l’Esprit», «la mondanité» et puis les «médisances». «Si tu n’es pas d’accord avec ce que dit cet évêque, cette sœur, ce laïc… Dis-lui en face, car c’est un synode!», a insisté le pape.
Dans un message adressé directement aux journalistes et aux communicants, il a déploré la manière dont les précédents synodes avaient été parasités selon lui par la pression médiatique. Évoquant la question des divorcés-remariés qui avait focalisé l’attention lors du Synode sur la Famille en 2014-2015, il s’est aussi souvenu du Synode sur l’Amazonie durant lequel le thème de l’ordination d’hommes mariés s’était imposé. «Nous étions entrés dans le Synode sous cette pression», s’est-il attristé.
Au sujet du Synode actuel, il a fait remarquer que des «hypothèses» ont encore surgi du dehors, comme «le sacerdoce pour les femmes».
Face à tous ces débats clivants, le pape a appelé à faire une «pause». «L’Église doit s’arrêter, comme les apôtres se sont arrêtés après le Vendredi Saint». «Eux, ils avaient peur, mais nous, nous n’avons pas peur», a assuré le pape avec ironie. Le successeur de Pierre a insisté sur l’importance de cette «pause de toute l’Église dans l’écoute», qui constitue en soi «le message le plus important».
Il a demandé une «ascèse», un «jeûne» de la parole publique durant le temps du Synode. Ces propos s’inscrivent dans le sillage de ses déclarations lors de la veillée œcuménique du 30 septembre dernier. Après un long temps de silence observé par la foule rassemblée sur la place Saint-Pierre, François avait plaidé pour un climat de «silence» afin de ne pas se laisser influencer par les «idéologies» et les «polarisations». «La vérité n’a pas besoin de cris violents pour atteindre le cœur des hommes», avait-il assuré, entouré par les chefs d’autres Églises chrétiennes.
Les paroles insistantes du pape pour faire régner un climat de silence et d’écoute se traduisent dans le Règlement transmis par le Bureau de presse du Saint-Siège quelques minutes après la prise de parole du pontife de 86 ans.
«Afin de garantir la liberté d’expression de chacun sur sa pensée et d’assurer la sérénité du discernement en commun, tâche principale confiée à l’Assemblée, chacun des participants est tenu à la confidentialité et à la discrétion tant sur ses propres interventions que sur celles des autres participants. Ce devoir reste en vigueur après la fin de l’Assemblée synodale», est-il notamment exigé. «Il est interdit à tous les participants d’enregistrer, de filmer ou de divulguer leurs interventions dans les congrégations générales et dans les groupes de travail», peut-on lire par ailleurs.
Quelques jours avant l’ouverture du synode, le préfet du dicastère pour la Communication, Paolo Ruffini, avait démenti toute volonté d’imposer un «secret» pour ce synode, préférant utiliser le mot de «confidentialité». Durant un mois, la plupart des congrégations générales et les groupes de partage se feront à huis clos. Les travaux synodaux ne seront pas diffusés afin de préserver «un espace sacré» pour les échanges entre les membres. Sont toutefois prévus des briefings officiels réguliers sur le déroulement des travaux et des conférences de presse.
Cet appel au silence intervient quelques heures après les remous suscités par la publication lundi de cinq dubia – ‘doutes’ en latin – émis en juillet par des cardinaux inquiets des orientations possibles du Synode. La réponse du Saint-Siège ne les ayant pas rassurés, ces cinq cardinaux conservateurs ont reformulé leurs questions qui portent notamment sur la bénédiction des couples homosexuels ou bien l’ordination des femmes. (cath.ch/imedia/hl/cv/mp)
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