Sebastian Francis, un cardinal pour la Malaisie

« Ainsi prend fin ma vie privée, mon indépendance et ma liberté ! ». Cette réaction instinctive du Malaisien Mgr Sebastian Francis, l’un des deux cardinaux d’Asie du prochain consistoire, en apprenant sa nomination au cardinalat le 9 juillet, a fait la Une de la presse anglophone. Originaire d’Inde, âgé de 71 ans, l’archevêque de Penang, État bordant le détroit de Malacca, est un acteur convaincu du dialogue interculturel et interreligieux. 

Petit-fils d’émigrés indiens originaires du Kerala, Sebastian Francis est né le 11 novembre 1951 à Johor Bahru, en Malaisie, au sein d’une famille nombreuse. Formé aux séminaires de Singapour et de Penang, il a été ordonné prêtre pour le diocèse de Malacca-Johor le 28 juillet 1977. Après des études en théologie dogmatique à l’université Saint-Thomas d’Aquin à Rome, et à la Maryknoll School of Theology à New York, il a été directeur spirituel et formateur au séminaire de 1991 à 1998. 

En 2003, le père Sebastian Francis a été nommé vicaire général du diocèse de Malacca-Johor. Puis le pape Benoît XVI l’a nommé évêque de Penang le 7 juillet 2012. L’ordination épiscopale du nouvel évêque, qui a choisi pour devise « Que ta volonté soit faite », a eu lieu le 21 août 2012. Un événement suivi alors par 10.000 catholiques, rapportait la presse locale. 

Depuis 2017, Mgr Francis est président de la Conférence des évêques catholiques de Malaisie, de Singapour et de Brunei. En février dernier, il a été nommé président du Bureau de la communication sociale (OSC) de la Fédération des Conférences épiscopales d’Asie (FABC), chargé notamment de la gestion de Radio Veritas Asia. À ce titre, il œuvre pour davantage de participation de la Chine au sein de la FABC. « La Chine est chez elle en Malaisie et la Malaisie est chez elle avec la langue et la culture chinoises », affirme-t-il à Crux. Une position géopolitique qui laisse entendre qu’il pourrait représenter à l’avenir un partenaire du Saint-Siège dans le rapprochement avec Pékin. 

Un champion du dialogue entre les religions 

Très engagé dans le dialogue entre cultures et religions, il a aussi été vice-président du Conseil consultatif malaisien du bouddhisme, du christianisme, de l’hindouisme, du sikhisme et du taoïsme (MCCBCHST). Dans son pays où la religion d’État est l’islam sunnite – 60% de la population – le futur cardinal refuse de qualifier les catholiques de « minorité », estimant dans un entretien à Églises d’Asie que « les divisions entre majorité et minorité, libéraux et conservateurs, ou encore droite et gauche ne sont pas opportunes dans le contexte asiatique ». 

Comme cardinal, il a confié vouloir « s’abaisser aux réalités sur le terrain ». Parmi les grands événements de son diocèse, il a demandé à Rome l’élévation de l’église Sainte-Anne de Bukit Mertajam – fondée en 1846 par des missionnaires français de la société des Missions Étrangères de Paris (MEP) – comme basilique mineure, la première de la région. Il s’agissait, a-t-il expliqué, « d’honorer les pèlerins de toutes nationalités, religions, croyances, races et cultures qui se rassemblent ici ». Ce lieu, aussi appelé le Sanctuaire de l’Harmonie, attire chaque année 250.000 personnes, catholiques et non catholiques, lors du pèlerinage du 26 juillet. 

Le futur cardinal Francis est également un promoteur du ›Document sur la fraternité humaine pour la paix dans le monde et la coexistence commune’, co-signé par le pape François et le grand imam d’Al-Azhar en février 2019. « Ce document permet toujours de briser la glace » avec les représentants d’autres religions, assure-t-il. 

Sur le Synode sur l’avenir de l’Église, le cardinal désigné fait montre d’une approche bergoglienne, prônant l’étude y compris des « questions brûlantes », sans avoir « peur des agendas de qui que ce soit ».

Le cardinal désigné sera, en cas de conclave, le seul évêque de Malaisie électeur. Il est le deuxième cardinal malaisien de l’histoire, après le cardinal Anthony Soter Fernandez, créé en 2016 et décédé en 2020. Sa nomination a été aussi largement célébrée en Inde, où l’on fait valoir que le prélat a encore de la famille à Chennai, dans la capitale de l’État du Tamil Nadu. (cath.ch/imedia/mp)

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