Pour le dernier rendez-vous de son voyage de deux jours dans la cité phocéenne, le pontife a été accueilli par une foule venue de tout l’Hexagone, au fameux siège de l’Olympique de Marseille, servant pour l’occasion de cathédrale. Si ce déplacement ne se voulait pas un voyage d’État, les catholiques ont néanmoins pu rencontrer le pontife lors de ce grand événement ouvert à tous, 15 ans après la dernière messe d’un pape en France, présidée par Benoît XVI le 15 septembre 2008 à Lourdes.
Le pape François a d’abord remonté l’avenue du Prado en papamobile, acclamé par une foule enthousiaste contenue derrière des barrières de part et d’autre. Il est arrivé au stade aux alentours de 15h45, déclenchant la liesse dans les gradins animés d’une ola géante, tandis que dans le virage sud, un «tifo» – animation de supporters de football – était dévoilé à son effigie.
«Bonjour Marseille, bonjour la France!», s’est exclamé le pape en français, en ouvrant la célébration. Fait rare: le pontife argentin a fait usage de la langue de Molière pour cette liturgie, à l’exception de l’homélie prononcée en italien.
Dans ce texte, le pape a pointé du doigt «le cynisme, le désenchantement, la résignation, l’incertitude», ainsi que le «sentiment général de tristesse» qui marquent la société européenne. Le pape François a vu dans les villes métropolitaines et dans «tant de pays européens comme la France où coexistent des cultures et des religions différentes», un «grand défi contre les exacerbations de l’individualisme».
Durant cette messe à laquelle assistait le président Emmanuel Macron, le pape a dénoncé aussi le «tragique rejet de la vie humaine qui est aujourd’hui refusée à nombre de personnes qui émigrent, à nombre d’enfants qui ne sont pas encore nés, et à nombre de personnes âgées abandonnées». Déjà le matin dans son discours au palais du Pharo pour la conclusion des Rencontres méditerranéennes, il avait plaidé en faveur de la protection des enfants à naître et des personnes âgées, alors que le gouvernement français s’apprête à présenter un projet de loi concernant la fin de vie.
Depuis la pelouse du Vélodrome recouverte d’un revêtement pour ne pas perturber la Coupe du monde de rugby en cours, le pontife, entouré des évêques français, a rappelé les «nombreux «tressaillements» qu’a connus la France… son histoire riche de sainteté, de culture, d’artistes et de penseurs qui ont passionné tant de générations». Et de lancer: «Aujourd’hui encore, notre vie, la vie de l’Église, la France, l’Europe ont besoin de cela: de la grâce d’un tressaillement, d’un nouveau tressaillement de foi, de charité et d’espérance».
Tressaillir, a expliqué le pape au fil de sa méditation, c’est notamment «se laisser brûler par les questions d’aujourd’hui, par les défis de la Méditerranée, par le cri des pauvres». Il a égratigné au passage le «cœur plat, froid, installé dans la vie tranquille, qui se blinde dans l’indifférence […], insensible à toute chose et à tout le monde», qui «traîne la vie de manière mécanique, sans passion, sans élan, sans désir».
En conclusion, le pape François a prié Notre-Dame de la Garde, la «Bonne Mère» chère aux Marseillais, de «garder la France et toute l’Europe». Il a enjoint les fidèles à «retrouver dans l’Évangile une grâce qui transforme et rend belle la vie». (cath.ch/imedia/cd/ak/bh)
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