Être évêque aujourd’hui

Le grand déballage du 12 septembre 2023 a des conséquences lourdes et douloureuses. Voir les évêques suisses sous les feux des médias, dans une ambiance qui frise parfois le règlement de comptes, sur fond de gestion douteuse des abus, ce n’est pas d’abord cela l’Eglise.

Le cœur de l’épiscopat, c’est le service du peuple de Dieu. Ils sont 5000 dans le monde à exercer cette tâche. Que ce ministère comporte des situations délicates, nul n’en disconvient. Il semblerait même que les candidats à une succession ne se pressent pas au portillon, dans le monde et en Suisse. Il suffit de repenser à la repourvue du poste de Mgr Bernard Genoud en 2010 pour mesurer combien il n’a rien d’enviable.

Manager, chef du personnel, enseignant, théologien, conseiller spirituel, gestionnaire prudent (même de ses archives), l’évêque doit remplir sa charge avec autorité, discernement et justesse. Est attendu un «super-héros» doté de qualités humaines et spirituelles hors du commun.

«La Suisse vit aujourd’hui ce que d’autres pays ont connu récemment»

Soudain, la souffrance longtemps écartée de victimes éclate en pleine figure de notre épiscopat. Nombre d’affaires avaient déjà été révélées. Mais le chiffre de 1002 cas répertoriés par l’Université de Zurich vient cautionner ce qui avait été mis en place pour faire la lumière sur les abus et leur gestion, souvent calamiteuse.

La Suisse vit aujourd’hui ce que d’autres pays ont connu récemment. Le côté systémique des abus, le déni et le silence qui les ont entourés, ont été pointés ailleurs aussi. Notre pays suit le mouvement, après la France, l’Allemagne, l’Irlande et d’autres.

Le mois prochain à Rome, la fonction épiscopale sera sans doute au centre des préoccupations du Synode des évêques, centré sur la coresponsabilité en Eglise. Le dossier de préparation du Synode demande: «Quel renouvellement de la vision et quelles formes d’exercice concret du ministère épiscopal sont nécessaires dans une Eglise synodale caractérisée par la coresponsabilité?». Une interrogation judicieuse.

En attendant, l’Eglise suisse saigne. De comptabiliser les abus commis par des clercs. Et de sentir nos évêques si contestés dans le cœur de leur ministère.

Bernard Litzler

17 septembre 2023

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