«Le gouvernement poursuit la reconstruction des églises, les gens continuent à réparer leurs maisons. De petits pas sont faits vers la normalité, mais les enfants ne vont toujours pas à l’école. Les gens sont toujours traumatisés et ont besoin d’aide. Nous nous réjouissons de tant de gestes de solidarité, de la part des chrétiens et des musulmans, qui nous réconfortent», témoigne le Père Khalid Mukhtar. Environ 300 des 700 familles chrétiennes ont été touchées par les violences.
Suite à des accusations de blasphème portées contre deux chrétiens, plusieurs églises de Jaranwala, dont l’église catholique de la ville, l’église de l’Armée du salut et l’église pentecôtiste, ainsi que la colonie chrétienne locale, ont été vandalisées et incendiées le 16 août dernier. L’affaire a pris une ampleur nationale. Après l’évêque de de Lahore, Mgr Mgr Sebastian Shaw, le premier ministre par interim, accompagné de leaders musulmans, avait fait le déplacement à Jaranwala pour assurer les chrétiens de son soutien et les avait dédommagé financièrement.
De son côté, la police pakistanaise poursuit son enquête sur les causes de l’attaque. Selon des fuites provenant de responsables de la police locale, l’incident aurait éclaté parce que trois chrétiens ont jeté des pages du Coran devant la maison de deux autres coreligionnaires afin de les faire accuser de blasphème – selon un cliché très répandu-, utilisant la loi pour masquer un différend privé.
Les trois suspects, placés en détention, pourraient avoir organisé la fausse affaire de blasphème contre les deux hommes, des frères, qui avaient été initialement inculpés et arrêtés. L’un des trois suspects, pensait que l’un des frères avait une liaison avec sa femme et aurait donc organisé la mise en scène.
Le Père Khalid Mukhtar confirme avoir appris l’arrestation de trois hommes liés à l’affaire et note: «Ce qui s’est passé n’est pas encore clair. Nous attendons une confirmation officielle et que toute la lumière soit faite. Mais s’il s’avère que l’affaire a été conçue et fabriquée par des citoyens chrétiens, ce serait très grave. On ne joue pas avec le feu, il faut penser aux réactions et aux conséquences d’actions insensées», note-t-il, stigmatisant l’instrumentalisation de la loi sur le blasphème.
Selon les dispositions actuelles (trois articles du code pénal), au Pakistan, une personne coupable d’avoir insulté l’islam peut être condamnée à la prison à vie, voire à la peine de mort. Compte tenu du caractère très délicat et sensible du sujet religieux, de simples accusations suffisent souvent à inciter des foules à commettre des violences et des lynchages. (cath.ch/fides/bh)
Bernard Hallet
Portail catholique suisse
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