Chine, Synode, Russie: ce qu'a dit le pape en revenant de la Mongolie

Alors que l’Airbus A330 de ITA Airways survolait encore les steppes de Mongolie le 4 septembre 2023, le pape François a répondu, pendant quarante minutes, aux questions des journalistes qui l’ont accompagné pendant les cinq derniers jours. I.MEDIA revient sur les principales déclarations du pontife.

Camille Dalmas/I.Média, depuis l’avion de retour de la Mongolie.

Rassurer et aller de l’avant en Chine

Interrogé sur l’état des relations du Saint-Siège et de la République populaire de Chine, le pontife a parlé de rapports «en chemin», citant le travail de la commission pour la nomination des évêques, issue de l’accord pastoral signé en 2018, ou encore les invitations de prêtres et d’intellectuels catholiques «à enseigner en Chine».

«Je crois que nous devons aller plus de l’avant dans l’aspect religieux», a-t-il cependant affirmé. Il a estimé que cela permettrait d’éviter de laisser croire «aux citoyens chinois que l’Église n’accepte pas leurs propres cultures ou leurs propres valeurs» ou encore qu’elle «dépend d’une autre puissance étrangère».

«Faire un voyage est plus difficile qu’avant»

Évoquant les prochains voyages, le pape François a seulement cité Marseille – les 22-23 septembre prochains – et un déplacement futur dans «un petit pays de l’Europe». Dans un entretien au magazine espagnol Vida Nueva publié le 4 août dernier, il avait évoqué la possibilité d’un voyage au Kosovo.

Le pape n’a pas parlé d’autres voyages, notamment celui en Amérique du Sud – en particulier dans son pays en Argentine – qu’il a pourtant évoqué par le passé. «Pour moi, faire des voyages n’est pas facile comme au début», a-t-il admis, évoquant des «limitations» liées notamment à sa difficulté à marcher. Il n’a pas parlé de la situation politique en Argentine, où le populiste Javier Milei, violemment hostile à l’Église, est en position de remporter l’élection présidentielle dont le premier tour se tiendra le 22 octobre prochain.

«Secret synodal» lors des groupes en octobre

Cette possibilité résulte du «dialogue très ouvert» qui existe entre le Saint-Siège et le pays du sud-est asiatique. L’amélioration récente des relations diplomatiques, a-t-il affirmé, est «une des expériences très belles faite par l’Église dernièrement».

Interrogé par un journaliste de la chaîne KTO au sujet de l’assemblée synodale d’octobre prochain, le pape a annoncé que les échanges entre les groupes de travail ne seraient pas ouverts à la presse, et qu’ils seraient couverts par un «secret synodal». Une commission pour les médias, dirigée par l’actuel préfet du dicastère pour la Communication, l’Italien Paolo Ruffini, aurait pour mission – une «tâche pas facile» – de donner des «nouvelles» de l’évolution des travaux chaque jour en essayant d’en faire ressortir la «dimension ecclésiale».

Le but est de préserver trois choses: le «climat synodal», la «liberté de parole» des participants et la religiosité du processus. Le Synode, a-t-il insisté, n’est «pas un programme télévisé où l’on parle de tout».

Les temps de parole des participants, a-t-il expliqué, seront toujours suivis de temps équivalents de prière. «Dans ce Synode, il n’y aura pas de place pour l’idéologie», a-t-il insisté.

Mais il ne faut pas pour autant avoir peur de se «confronter entre frères et sœurs, de se confronter sur la doctrine», a-t-il souligné, parce que la doctrine «scandalise» toujours. Il a notamment cité l’incarnation de Dieu ou la virginité de Marie. Au contraire, a-t-il mis en garde, l’idéologie est «distillée» et donc ne «scandalise pas».

Pas d’apologie de l’impérialisme russe

Revenant sur la polémique suscitée par sa référence à la «grande Russie» et à Catherine II et Pierre le Grand lors d’une visioconférence avec des jeunes catholiques russes peu avant son voyage en Mongolie, le pape a souhaité remettre ses déclarations dans leur contexte. Il a demandé aux jeunes d’«assumer leur héritage», a-t-il explicité, tout en assurant qu’il «n’a pas pensé à l’impérialisme en disant ça».

Rencontre nationale des jeunes catholiques russes à Saint-Pétersbourg, le 25 août 2023 | © Vatican Media

La mention de la «grande Russie» faisait référence à l’héritage «très beau» et «chargé d’humanisme» de ce pays, notamment dans le domaine des lettres ou de la musique, a assuré le pape, mélomane et grand lecteur de Dostoïevski. Cette culture «ne peut pas être ‘cancelée› pour des problèmes politiques», a-t-il encore précisé.

Il a vivement critiqué l’impérialisme sous toutes ses formes, le décrivant comme le résultat d’une culture «distillée» en idéologie, mais n’a pas souhaité commenter le cas russe en particulier.

La «mystique du troisième voisin»

Interrogé par la presse mongole, le pontife est revenu sur le sens qu’il donnait à ce voyage, envisagé d’abord comme une visite à la petite communauté catholique, mais aussi l’occasion d’une rencontre avec la «mystique d’un peuple».

La mystique de Mongolie, a-t-il affirmé, est une «mystique de la troisième frontière». Une référence à la politique du même nom, par laquelle le pays asiatique, bloqué entre «deux grandes puissances», la Russie et la Chine, tente de se désenclaver en nouant des partenariats avec d’autres pays. Pour le pontife, cette mystique, qui ouvre à une recherche proactive du dialogue avec les autres cultures, est une conséquence du «désir d’universalité» des Mongols.

Le pape s’est aussi dit «satisfait» du chemin suivi par l’Église catholique en Mongolie. Il a salué le processus d’inculturation à l’œuvre, qui, contrairement à la «colonisation religieuse», respecte la culture locale.

Voyage au Vietnam: pour moi ou pour «Jean XXIV»

Pour le pontife, il y aura «sûrement» un voyage au Vietnam dans les années à venir, même s’il envisage qu’il puisse être effectué par «Jean XXIV» – le nom qu’il imagine pour son successeur. (cath.ch/imedia/cd/bh)

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