Les élections étaient un rendez-vous attendu avec appréhension. A la veille du scrutin, les évêques avaient rappelé, dans un message publié le 23 août, que «les élections sont un lieu d’expression du choix politique d’un peuple et un signe de légitimité pour l’exercice du pouvoir. Le non-respect de la Constitution nationale, de la loi ou du verdict d’élections libres, justes et transparentes serait la manifestation d’une grave défaillance dans la gouvernance et signifierait un manque de compétence dans la gestion des affaires publiques». Les évêques ont appelé à «prévenir les querelles et la violence sous toutes leurs formes après les élections», rapporte l’agence Fides.
«Nous, forces de défense et de sécurité, réunies au sein du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), au nom du peuple gabonais et garant de la protection des institutions, avons décidé de défendre la paix en mettant fin au régime en place», ont déclaré les putschistes.
Les sources témoignent des événements sous couvert d’anonymat: «A deux heures, dans la nuit du 29 au 30 août, la Commission électorale a annoncé officiellement la victoire du Président sortant Ali Bongo Ondimba, âgé de 64 ans, aux élections présidentielles du 26 août avec 64,27%. Immédiatement après l’annonce, les militaires sont apparus à la télévision pour annoncer qu’ils avaient déposé Bongo et pris le pouvoir».
«Des coups de feu ont été entendus pendant la nuit, mais d’après ce que nous savons, il s’agissait de coups de feu tirés en l’air. Aucun mort ni blessé n’est à déplorer pour l’instant», ont déclaré les sources. «L’ensemble de l’armée, y compris la Garde républicaine, les prétoriens du président, a mené le coup d’État. La gendarmerie et la police semblent également unies et solidaires des militaires.»
Peu après le vote, le gouvernement de Bongo avait imposé un couvre-feu et interrompu les connexions Internet, notamment parce que son principal opposant, Albert Ondo Ossa, avait dénoncé une «fraude orchestrée» de la part du camp présidentiel et exigé d’être déclaré vainqueur à l’issue du scrutin.
«La première chose qui s’est produite immédiatement après la prise de pouvoir par les putschistes a été la reprise des communications par Internet», soulignent les témoins. «La population a cependant peur, elle a en mémoire les violences de 2009 et 2016 et craint ce qui pourrait arriver.»
Ali Bongo Ondimba, le fils d’Omar Bongo, est né le 9 février 1959 au Congo Brazzaville. Après avoir été ministre des Affaires étrangères de 1989 à 1991, il a été ministre de la Défense de février 1999 à octobre 2009, sous la présidence de son père. En août de la même année, il est investi président, mais a été élu lors d’un scrutin contesté. Des violences post-électorales et des pillages ont secoué Port-Gentil, dans l’ouest du pays, faisant plusieurs morts. Rapidement, l’opposition avait dénoncé une «dérive autoritaire» et une «personnalisation du pouvoir». Il a été réélu en 2016. Ces élections devaient marquer le début de son troisième mandat à la tête du pays. (cath.ch/fides/bh)
Bernard Hallet
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/putsch-au-gabon-le-president-ali-bongo/