En plein mois d’août, le pape a reçu au Vatican des avocats européens de 25 pays qui ont signé l’Appel de Vienne le 11 juin 2022, s’engageant en faveur de l’État de droit et de l’indépendance de la justice. Dans son discours, le pape a particulièrement salué leur engagement «à participer à l’élaboration d’un cadre normatif en faveur de la protection de l’environnement». Soulignant les «graves devoirs» de l’humanité appelée à laisser «un monde beau et vivable» aux jeunes générations, le pape est sorti de son texte pour confier: « Je suis en train d’écrire une deuxième partie de Laudato si’ pour une mise à jour des problèmes actuels».
Le pontife argentin n’a pas donné davantage de détails sur cette suite de l’un des textes phares de son pontificat. L’encyclique Laudato si’, sur la sauvegarde de la Maison commune, datée du 24 mai 2015, est née dans le contexte des conférences des Nations Unies sur les changements climatiques.
Le pape François a souvent raconté la genèse de ce texte dont il avait parlé avec Ségolène Royal, alors ministre française de la Transition écologique, lors de sa visite à Strasbourg en 2014. «Elle avait entendu que j’étais en train d’écrire quelque chose sur l’environnement. Je lui ai répondu que je réfléchissais avec un groupe de scientifiques et aussi avec un groupe de théologiens. Et elle m’a dit cela: ‘S’il vous plaît, publiez-le avant la Conférence de Paris’», narrait le pape en juin dernier.
Rarement une encyclique n’a eu un tel écho, jusque dans des milieux éloignés du catholicisme, mais préoccupés par l’urgence du réchauffement climatique. Au moment de sa publication, des dizaines de chefs d’État ont salué les prises de position du pontife.
Si Laudato si’ n’était pas la première encyclique à «s’inquiéter du problème», elle était la première «à prendre pour seul sujet l’écologie», souligne le dominicain Thomas Michelet, dans l’ouvrage Les papes et l’écologie (Artège, 2016). François s’est lui-même défendu d’avoir écrit une encyclique «verte», lui préférant le terme d’encyclique «sociale». Au-delà du militantisme écologique, c’est d’abord une conversion personnelle à laquelle y appelle le pontife, pour qui la crise environnementale est inséparable d’une crise humaine.
Dans son discours devant les avocats du Vieux continent, le pape a également défendu le «principe fondamental du secret professionnel» dont ses hôtes regrettent «la violation dans plusieurs États membres». «Je comprends et partage votre préoccupation», leur a dit le pontife. «C’est très important, dans l’Église nous avons le secret de la confession», a-t-il alors glissé en sortant à nouveau de son texte. Le pape a plaidé pour «des espaces de confiance où les personnes puissent s’exprimer et déposer leur fardeau». Ces derniers temps, plusieurs pays, comme le Royaume-Uni, le Portugal ou encore l’Australie, ont remis en question le secret de la confession dans le cas d’abus sexuels perpétrés sur des enfants.
Dans son discours, le pape a par ailleurs improvisé quelques mots en français, suggérant aux avocats d’augmenter la composante féminine de leur groupe. Il a déploré dans les sociétés «une revendication toujours plus grande de droits individualistes» et «une conception erronée de la nature et de la personne humaines […] qui ouvre peu à peu à de graves abus sous couvert de bien.» (cath.ch/imedia/ak/rz)
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