«Nous invoquons Dieu, qui donne tout bien, et nous demandons à tous les hommes de bonne volonté, chrétiens et musulmans, de se tenir à nos côtés, unis pour un Pakistan pacifique, libéré de la haine, où les droits et les libertés de tous les citoyens sont respectés, indépendamment de leur croyance», a déclaré à l’Agence Fides Mgr Sebastian Shaw, archevêque de Laore, capitale de la province du Pendjab, théâtre des incidents.
Les violences ont eu origine une accusation de blasphème infondée à l’encontre de Saleem Masih, un chrétien analphabète travaillant dans l’assainissement des rues. Il a été accusé d’avoir outragé le Coran. Selon certains musulmans de la région, des pages du livre saint ont été trouvées avec des écrits blasphématoires. À la suite d’un appel lancé par un chef religieux islamique local, une foule a déclenché des violences massives contre les églises et les biens des chrétiens de la région de Jaranwala.
Le bilan de l’attaque fait état d’une vingtaine d’églises, de chapelles et de salles de culte détruites ou gravement endommagées; un cimetière a été profané; de nombreuses maisons de citoyens chrétiens détruites ou vandalisées; les violences ont fait au moins trois blessés graves.
Le Père Khalis Mukhtar, curé de l’église Saint-Paul, réduite à l’état de ruines, a raconté qu’à 5h30 du matin, une foule a fait irruption dans l’église, a battu un catéchiste et «a commencé à la détruire et à y mettre le feu, visant également le quartier où vivent les familles chrétiennes, qui ont été menacées et obligées de fuir».
De nombreuses familles en fuite ont été accueillies et aidées par des familles musulmanes du quartier, elles aussi choquées par cette vague de violence soudaine et injustifiée. Le lendemain des événements, de nombreux policiers et gardes forestiers ont été déployés dans la région pour rétablir la sécurité. Les institutions politiques ont veillé à ce qu’une enquête soit menée et à ce que les responsables de l’attaque contre les chrétiens soient identifiés.
Les communautés chrétiennes du Pakistan sont régulièrement visées par les lois strictes du pays sur le blasphème. Selon des observateurs, ces lois sont très souvent instrumentalisées pourdes raisons personnelles ou dans le but de persécuter les minorités religieuses et de les isoler de la vie publique. Le Pakistan fait partie des pays où le blasphème est un crime passible de la peine de mort.
Le président de la Conférence des évêques du Pakistan, Mgr Joseph Arsad, archevêque d’Islamabad-Rawalpindi, espère que «la primauté du droit et de la justice sera rétablie et qu’une société meilleure sera construite», tandis que l’évêque anglican Azad Marshall a appelé le gouvernement à «garantir la justice et la sécurité pour tous».
Akmal Bhatti, un responsable catholique qui dirige le forum «Minorities Alliance Pakistan», a noté qu'»une fois de plus, les accusations de blasphème servent de prétexte pour justifier des attaques massives contre des innocents et des lieux chrétiens».
Comme de nombreux représentants religieux et civils, chrétiens et musulmans, la Commission nationale pour la justice et la paix (NCJP), au sein de la Conférence des évêques catholiques du Pakistan, a également condamné l’incident, exprimant son «inquiétude face à cette grave attaque contre les chrétiens». (cath.ch/fides/bh)
Bernard Hallet
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