Nous avons tous déjà vu des jeunes chiots agités par leur vie toute neuve, qui bondissent et qui jouent avec tout ce qu’ils trouvent et qui n’en peuvent plus de goûter à la vie. Ils sautent sur nos jambes, ils grignotent ce qu’ils repèrent avec vigueur…
C’est avec ces petits chiens que la femme de l’évangile suscite l’intérêt et même l’admiration de Jésus. Au point de lui faire changer de regard sur elle qui est une étrangère et qui devrait rester à distance. Ce sont eux qui sont comme l’expression du désir de se nourrir même des miettes laissées par les hommes.
Alors que la Cananéenne se risque à demander à Jésus de prendre pitié d’elle, c’est-à-dire de prêter attention au souci de la maladie de sa fille, elle est d’abord repoussée par les disciples puis par Jésus lui-même qui se sait envoyé aux brebis perdues d’Israël. Qui sont ces brebis perdues? Ce sont des juifs qui se sont éloignés de Dieu: ils habitent l’étranger et c’est vers eux que Jésus se retire. Il vient au secours de leur infidélité.
En abordant Jésus, cette mère inquiète dérange donc les plans de sa mission. Cependant, il y a urgence et elle insiste. Son sens de la répartie touche Jésus (c’est du reste le sens du mot pitié) et il se rend compte de sa faim et surtout de sa foi. Elle sait par sa confiance, et peut être aussi par instinct maternel, que Jésus peut répondre à son désir. Elle, l’étrangère, a donc assez de cœur pour reconnaître en Jésus son Sauveur. Et comme c’est pour cela que Jésus est venu dans le monde, il donne une nouvelle dimension à sa mission.
«Une seule miette d’amour pour nourrir notre foi et déjà la rencontre avec Dieu tient ses promesses.»
Cette rencontre vient accomplir ce que les premières lectures avaient déjà annoncé. Le prophète Isaïe évoquait les étrangers qui tenaient ferme l’alliance avec Dieu et observaient le Sabbat. Saint Paul parle du don gratuit de la miséricorde pour les nations païennes. Et le psalmiste se réjouit de cette ouverture en appelant les nations à chanter leur joie. Désormais le salut de Dieu n’est plus l’exclusivité du seul peuple élu. Par lui, tous les peuples de la terre sont également bénis. Et Jésus vient réaliser cette ouverture à toutes les nations en répondant à cette femme convaincue de son salut par lui.
Pour cela, une seule condition: la foi et l’amour! Les deux vont de pair et la femme de l’évangile en est l’expression. Son amour de mère est reconnu par Jésus. De même que sa détermination à croire jusqu’au bout que sa prière serait exaucée. Sa foi au fils de David la dispose à l’amour de Dieu. Elle voit en Jésus celui qui vient accomplir la promesse parce que Dieu a vu la misère de son peuple. Ce regard sur Jésus élargit l’amour qu’elle a pour sa fille et qui devient un amour qui accueille l’amour de Dieu.
Tout cela, grâce aux petits chiens… Puissions-nous, comme cette femme, nous identifier à eux qui se nourrissent des miettes. Une seule miette d’amour pour nourrir notre foi et déjà la rencontre avec Dieu tient ses promesses. Le fidèle ami de l’homme en cette création nous conduit à la fidèle amitié de Dieu en son Royaume ouvert à tous!
Philippe Matthey | Vendredi 18 août 2023
Mt 15, 21-28
En ce temps-là,
partant de Génésareth,
Jésus se retira dans la région de Tyr et de Sidon.
Voici qu’une Cananéenne, venue de ces territoires, disait en criant :
« Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David !
Ma fille est tourmentée par un démon. »
Mais il ne lui répondit pas un mot.
Les disciples s’approchèrent pour lui demander :
« Renvoie-la,
car elle nous poursuit de ses cris ! »
Jésus répondit :
« Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. »
Mais elle vint se prosterner devant lui en disant :
« Seigneur, viens à mon secours ! »
Il répondit :
« Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants
et de le jeter aux petits chiens. »
Elle reprit :
« Oui, Seigneur ;
mais justement, les petits chiens mangent les miettes
qui tombent de la table de leurs maîtres. »
Jésus répondit :
« Femme, grande est ta foi,
que tout se passe pour toi comme tu le veux ! »
Et, à l’heure même, sa fille fut guérie.
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