France: les églises retirent les œuvres d’un prêtre abuseur

Les tableaux et les vitraux de l’abbé Louis Ribes ont été retirés de nombreuses églises en 2022 et en 2023 après que ses victimes ont protesté auprès de l’archevêché de Lyon. De son côté le sanctuaire de Lourdes a mis en place un comité qui réfléchit au retrait des œuvres de Marco Rupnik de la façade de la basilique du sanctuaire marial.

Les églises françaises de la région de Lyon ont commencé à retirer les vitraux créés par le l’abbé Louis Ribes, déclaré à titre posthume auteur d’abus sexuels sur mineurs, rapporte le site anglais The Tablet. Les deux vitraux démontés, les premiers d’une série de six, l’ont été à Dième, dans la région du Beaujolais. D’autres suivront à l’automne, au fur et à mesure que des maçons seront disponibles pour effectuer le travail.

Les peintures du prêtre, décédé en 1994 et considéré comme le «Picasso des églises», ont été retirées de nombreuses églises l’année dernière après que 49 victimes ont protesté auprès de l’archevêché de Lyon. Les victimes se sont manifestées lorsqu’elles ont constaté l’étendue de ses abus en enregistrant des plaintes individuelles à la suite du rapport Sauvé de 2021. L’archevêché dit n’avoir «aucun doute sur leurs témoignages». 

Des démontages retardés

Les vitraux, dont beaucoup se trouvent dans des églises appartenant à l’État dans le cadre de la loi sur la laïcité, ne peuvent être enlevés qu’avec l’approbation préalable des autorités locales et l’intervention de maçons qualifiés. Et le manque d’ouvriers spécialisés entraîne souvent des retards. Le sixième enlèvement est compliqué du fait que l’Église catholique loue le bâtiment à la communauté chrétienne orthodoxe.

Dans un premier temps, la commune de Dième s’est contenté de recouvrir la signature de Ribes sur les vitraux avant de convenir avec les victimes qu’elles devaient être enlevées. Ce qui a été fait le 3 août dernier.

Le maire de Givors, une petite ville de la banlieue de Lyon, soutient que l’enlèvement des œuvres ne résoudra pas le problème des abus. Mohamed Boudjellaba a même écrit au pape François pour lui demander conseil et a reçu une réponse. Il a refusé de divulguer le contenu de cette réponse et le sort des vitraux de l’abbé Ribes à Givors demeure incertain.

Le cas Rupnik

Bien qu’il professe une politique de tolérance zéro à l’égard des abus sexuels commis par des membres du clergé, le Vatican n’a pas toujours formulé une politique claire à l’égard des auteurs d’abus individuels, notamment l’artiste jésuite Marko Rupnik, dont les mosaïques bien connues ornent de nombreuses églises dans le monde, notamment la basilique de Notre-Dame du Rosaire au sanctuaire de Lourdes. Un comité étudie la possibilité de retirer ces mosaïques de la façade de la basilique, la plus basse des deux églises situées au-dessus du sanctuaire. Un rapport est attendu pour la fin de l’année.

Le prêtre slovène a été expulsé de la Compagnie de Jésus en juin pour avoir désobéi aux restrictions qui lui avaient été imposées après plusieurs allégations «hautement crédibles» d’abus spirituels, psychologiques et sexuels de la part de femmes, sur lesquelles le Vatican n’a pas enquêté dans un premier temps. (cath.ch/tt/bh)

Bernard Hallet

Portail catholique suisse

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