Dans cette déclaration publiée le 4 août 2023, ils accusent l’Azerbaïdjan, qui bloque totalement depuis décembre 2022 le corridor de Latchine, unique liaison routière entre l’Arménie et le Haut-Karabakh, d’utiliser des méthodes terroristes pour atteindre cet objectif. Depuis la mi-juin 2023, Bakou a imposé un blocus total contre le Haut-Karabakh, aucune aide ne pouvant être acheminée à la population arménienne assiégée. Les évêques apostoliques arméniens se sont également montrés très préoccupés par les récentes concessions politiques faites par l’Arménie à l’Azerbaïdjan.
En 2020, l’Azerbaïdjan a conquis des parties importantes de la région du Haut-Karabakh, disputée entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, grâce au soutien logistique et aux armes modernes fournies par la Turquie. Environ 120’000 personnes, dont 30’000 enfants, vivent encore dans le Haut-Karabakh. La nourriture, les médicaments, le carburant et d’autres biens humanitaires sont quasiment épuisés. Il n’y a presque plus d’électricité. Depuis des mois déjà, l’approvisionnement en électricité et en gaz en provenance d’Arménie est interrompu.
Dans leur déclaration de vendredi, les évêques arméniens ont qualifié le blocus complet persistant de «génocide» classique, des personnes mourant à cause du blocus. La situation est dramatique, surtout pour les enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées et les malades, alertent-ils.
Les «actions terroristes» de l’Azerbaïdjan plongent constamment la population de l’Artsakh dans la peur, suscitant un sentiment d’insécurité et de désespoir, affirment les évêques de l’Eglise apostolique arménienne. Le président d’Azerbaïdjan Ilham Aliev a menacé à plusieurs reprises d’attaquer une nouvelle fois l’enclave peuplée majoritairement d’Arméniens, rattachée par décision de Staline à l’Azerbaïdjan en 1921.
Les évêques arméniens mentionnent en particulier un incident survenu fin juillet: Vagif Khachatryan, un Arménien de 68 ans, devait être transporté avec 14 autres patients de l’Artsakh vers l’Arménie via le corridor de Latchine dans le cadre d’un transport médical organisé par la Croix-Rouge.
Le patient, gravement malade, a toutefois été arrêté par les autorités azerbaïdjanaises à un point de contrôle. La partie azerbaïdjanaise l’accuse de crimes de guerre commis au début des années 1990. La partie arménienne a fermement condamné cette arrestation. «De tels actes d’hostilité de la part de l’Azerbaïdjan à l’encontre de notre peuple ne constituent pas seulement un crime contre les Arméniens d’Artsakh, mais aussi un défi ouvert à l’ensemble du monde civilisé et aux organisations internationales compétentes», ont dénoncé les évêques arméniens dans leur déclaration.
Ils ont appelé les chefs d’État et de gouvernement des pays membres du Conseil de sécurité des Nations Unies à prendre des mesures efficaces et à demander aux autorités azerbaïdjanaises de respecter les décisions de la Cour internationale de justice et d’abandonner la voie de la résolution du problème par la force brute et les «actions génocidaires». La paix dans la région ne peut pas être obtenue au prix de l’extermination du peuple de l’Artsakh ou de la violation de ses droits fondamentaux à une vie paisible, sûre et digne, ont déclaré les évêques.
Le 22 février 2023, la plus haute juridiction des Nations unies, la Cour internationale de Justice (CIJ), a ordonné à l’Azerbaïdjan de «prendre toutes les mesures à sa disposition» pour garantir la libre circulation des personnes, des véhicules et des marchandises le long du corridor de Latchine, dans les deux sens. Depuis lors, l’Azerbaïdjan n’a pas tenu compte de cette ordonnance. La CIJ a réaffirmé son ordonnance le 6 juillet 2023.
Lors des négociations de paix fin mai, l’Arménie avait pourtant accepté de reconnaître le Haut-Karabakh comme partie intégrante de l’Azerbaïdjan, mais avait exigé en contrepartie des mécanismes internationaux permettant d’assurer la protection juridique et la sécurité des habitants arméniens de l’enclave.
Dans leur dernière déclaration, les évêques arméniens se sont montrés profondément préoccupés par cette importante concession de l’Arménie. La République d’Arménie ne doit pas renoncer à ses obligations en matière de protection du droit à l’autodétermination du peuple de l’Artsakh, ont déclaré les évêques. Les Arméniens de l’Artsakh n’ont aucune possibilité de vivre et aucun avenir en Azerbaïdjan, ont averti les évêques. (cath.ch/kathpress/ armenews/be)
Jacques Berset
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/leglise-apostolique-armenienne-denonce-un-genocide-au-karabakh/