Près de 40 ans après leur lancement par Jean-Paul II, les JMJ demeurent l’un des événements les plus importants au niveau international, donnant à l’Église catholique une visibilité mondiale et médiatique inhabituelle. Les JMJ de Lisbonne, dont la phase diocésaine est actuellement en cours à travers toutes les régions du Portugal, verront confluer du 1er au 6 août 2023 des centaines de milliers de jeunes du monde entier dans la capitale portugaise, en présence du pape François. Une forte reprise après la pandémie de Covid-19.
Comment votre complicité avec Jean-Paul II a-t-elle contribué à la création des JMJ, en 1984-85?
Marcello Bedeschi: J’ai connu Karol Wojtyla dans les années 1960-70 quand il était encore archevêque de Cracovie, car il avait un lien particulier avec mon évêque à Ancône, Mgr Carlo Maccari, qui avait été son voisin de banc durant le Concile Vatican II. Dans leurs échanges téléphoniques, mais aussi lorsque mon évêque m’envoyait pour des missions en Pologne, j’ai toujours remarqué le grand intérêt de ce cardinal de Cracovie pour l’accompagnement des jeunes.
Il nous parlait toujours des jeunes, en remarquant leur enthousiasme, leur joie de se retrouver ensemble. Il a organisé en Pologne de nombreuses rencontres qui ont constitué en quelque sorte des prémices des JMJ. Cela représentait une vision de la catholicité comme une façon de se mettre en relation les uns avec les autres, comme des frères.
«Jean Paul II a organisé en Pologne de nombreuses rencontres qui ont constitué en quelque sorte des prémices des JMJ.»
Quand il est devenu pape, il a cherché désespérément une occasion de concrétiser cette idée. Au terme de l’Année Sainte de la Rédemption de 1983-84 est née l’idée d’une rencontre de réflexion et de prière pour les jeunes à Rome, afin de leur permettre de rencontrer le Seigneur. C’est ainsi que j’ai fait partie d’un comité de quatre personnes pour organiser cette rencontre, en lien avec le conseil pontifical pour les Laïcs, alors présidé par le cardinal italien Opilio Rossi, bientôt remplacé par le cardinal Eduardo Pironio, qui allait jouer un rôle décisif pour le lancement des JMJ.
C’est donc sur la base de ce premier rassemblement que le concept des JMJ s’est progressivement structuré?
Cette première rencontre de 1984 a attiré des jeunes de 80 pays, ce qui fut une grande surprise. Jean-Paul II a ensuite saisi l’occasion de l’Année internationale de la Jeunesse proclamée par l’ONU pour lancer l’idée d’une autre rencontre, en 1985. Cette rencontre, toujours à Rome, a très bien fonctionné aussi. Cela a conduit Jean-Paul II à rédiger une Lettre formalisant l’idée des Journées mondiales de la Jeunesse, qui allaient alterner entre le niveau diocésain et une rencontre mondiale, organisée tous les deux ou trois ans.
La première JMJ diocésaine a donc eu lieu en 1986, puis fut organisée la première JMJ à l’étranger en 1987, à Buenos Aires. Jean-Paul II a suivi personnellement tout ce projet, y compris dans ses détails et ses symboles, comme celui de confier aux jeunes la croix des JMJ, afin de l’amener partout dans le monde. Cette démarche s’est concrétisée jusque dans des lieux impensables, y compris quand la croix a été portée clandestinement au-delà du Rideau de fer, dans des pays communistes. Je me souviens de ces voyages avec beaucoup d’intensité.
Comment s’est fait le choix des premières villes d’accueil?
De nombreuses Églises nationales ont voulu accueillir les JMJ. La nationalité argentine du cardinal Pironio a conduit à l’organisation de la JMJ de Buenos Aires, à laquelle a participé le Père Jorge Mario Bergoglio, comme simple prêtre jésuite. En 1989, les JMJ de Saint-Jacques de Compostelle ont permis de remettre en lumière la signification du pèlerinage, de la marche. De nombreux pèlerins de toutes les nations européennes ont convergé vers l’Espagne par les moyens les plus divers. Ce mouvement a contribué à populariser la marche comme un moyen de rencontrer Dieu.
Le pape voulait que ces rencontres aident les catholiques à réfléchir sur les questions les plus importantes liées à la foi chrétienne. Les JMJ ont aussi développé une dimension culturelle, avec des expositions organisées en collaboration avec les Musées du Vatican. Lors des JMJ de Cologne en 2005, l’exposition sur le Visage du Christ était comme une autre catéchèse en soi, en plus des enseignements proposés par les évêques.
«Les JMJ ont aussi développé une dimension culturelle, avec des expositions organisées en collaboration avec les Musées du Vatican.»
Lors des JMJ de Rio, la rencontre du pape François avec des indigènes d’Amazonie venus le rencontrer à la nonciature apostolique a contribué au lancement de sa réflexion sur l’écologie qui l’a amené à la rédaction de l’encyclique Laudato si’ et au Synode sur l’Amazonie. La Fondation Jean-Paul II pour la Jeunesse s’est beaucoup investie en organisant des ateliers sur ces sujets lors des JMJ suivantes à Cracovie, à Panama et maintenant à Lisbonne.
Les Français gardent un souvenir fort des JMJ de Paris en 1997. Ce rassemblement a marqué une étape importante pour de nombreux catholiques, leur redonnant un élan alors qu’ils se sentent fragmentés et minoritaires au milieu d’une société sécularisée. Cette édition parisienne a-t-elle marqué un tournant dans l’histoire de ces rassemblements?
En effet, la revue de presse des JMJ de Paris, aussi bien dans les journaux catholiques que dans les journaux ‘laïques’, montre que cet événement a été fondamental. Il a montré la capacité des jeunes à dialoguer, à se mobiliser ensemble pour faire vivre le message chrétien.
De nombreux souvenirs de Paris en 1997 restent gravés dans ma mémoire. Je me souviens par exemple qu’à l’Hôtel de Ville de Paris, nous avions organisé une exposition sur Jésus. Cela a suscité quelques contestations des militants de la laïcité mais ces œuvres ont rencontré un grand succès.
J’ai aussi été marqué par un incident lors de la célébration d’accueil au Champ de Mars, en face de la Tour Eiffel: Jean-Paul II s’est brûlé avec les accoudoirs de son fauteuil, en fer, qui étaient bouillants à cause de la chaleur et de l’absence d’ombre. Un militaire s’est alors empressé d’aller dans la caserne de l’École militaire, située juste derrière l’estrade, afin de fournir un autre fauteuil plus confortable pour le pape. Jean-Paul II avait été touché et amusé par cette attention, il m’en a souvent reparlé!
Les JMJ ont perduré après la mort de Jean-Paul II en 2005. Quel est votre regard sur la façon dont ses successeurs ont investi cet héritage?
Il est indiscutable que Jean-Paul II en a été le premier initiateur, mais il voulait aussi que le passage de témoins se fasse naturellement. L’idée a donc été reprise par Benoît XVI et par le pape François, qui ont des caractères très différents mais qui montrent une réelle continuité dans leur mode de présence lors des JMJ.
La relance des JMJ de Lisbonne après la pandémie de Covid-19 n’était pas une évidence, mais cela s’est remis en place progressivement. Pour l’Italie, on tablait sur 20’000 jeunes participants: nous en sommes à 65’000 inscrits. On observe le même phénomène dans toutes les nations européennes. Il y a donc un réel engouement!
«Il est indiscutable que Jean-Paul II en a été le premier initiateur [des JMJ], mais il voulait aussi que le passage de témoins se fasse naturellement.»
L’une des choses qui me donne le plus d’émotion, ce sont les vocations qui naissent lors des JMJ: des vocations sacerdotales, religieuses, familiales, professionnelles… Pour de nombreux jeunes, y compris dans des moments de crise, les JMJ ont apporté un élan décisif pour leur vocation, leur orientation. C’est un aspect dont les prêtres et les responsables des mouvements catholiques doivent avoir conscience.
Les deux entités ont élaboré ce document, qui donne au pèlerin le pouvoir d’apprendre et de réduire l’impact de ses actions, afin de contribuer à la sensibilisation à l’environnement et à l’adoption de pratiques plus durables. Le manuel sera également disponible sur les sites web des entités, de sorte que la mitigation de l’impact ne s’arrête pas après les JMJ de Lisbonne 2023.
L’un des principaux objectifs des JMJ Lisbonne 2023 est que la rencontre devienne une référence en matière d’engagement pour le développement durable et qu’elle laisse un héritage positif durable sur le territoire. Le calculateur de carbone répond à cette préoccupation, également basée sur le pilier de l’encyclique Laudato si’ du pape François, qui appelle à prendre soin de la maison commune. (cath.ch/imedia/cv/bh)
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