L’intelligence artificielle peut-elle devenir un instrument d’évangélisation? C’est la conviction de Matthew Sanders, fondateur et PDG de Longbeard, au Canada, qui vient de lancer Magisterium AI. Une version beta en anglais répond déjà aux questions sur la foi catholique.
L’essor de l’intelligence artificielle dans de de nombreux secteurs d’activité est indéniable, et l’Église catholique semble être un secteur intéressant pour cette technologie. Pour Matthew Sanders, spécialiste en marketing et communication, qui a travaillé pour l’archidiocèse de Toronto et qui collabore depuis plusieurs années avec divers dicastères et services du Vatican, Magisterium AI, déclinée pour l’heure uniquement en anglais, pourrait être un instrument utile à l’évangélisation.
Les développeurs de Magisterium AI ont entraîné leur intelligence artificielle sur une base de données de 456 documents d’Église, dont le Catéchisme de l’Église catholique, le Code de droit canonique, la présentation générale du Missel romain, 90 encycliques, 7 constitutions apostoliques et 26 exhortations apostoliques.
Selon Matthew Sanders, Magisterium AI peut aider à expliquer des concepts théologiques, philosophiques et historiques complexes dans un langage simple et compréhensible. Il s’agit notamment de présenter les enseignements clés de l’Église, tels que la Trinité, l’Incarnation, les sacrements, etc. Les utilisateurs peuvent poser à Magisterium AI toutes les questions sur l’enseignement de l’Église et ses pratiques. Les prédicateurs peuvent demander de proposer une homélie sur un sujet particulier.
Magisterium AI entend aussi fournir des éléments de contexte sur l’histoire et le développement de la doctrine de l’Eglise. Elle peut recommander des livres, des documents et d’autres ressources susceptibles de fournir des informations complémentaires. Les concepteurs voient même une utilisation possible pour la catéchèse et la préparation aux sacrements.
Prudemment, Matthew Sanders précise que si Magisterium AI peut fournir des informations et un contexte précieux, elle ne doit pas être la seule ressource pour quelqu’un qui essaie de comprendre l’enseignement catholique. Il est toujours bon de consulter des sources faisant autorité et de discuter avec des personnes informées et des responsables de l’Église, et de lire des sources primaires telles que le Catéchisme.
Pour éviter les risques de dérive, Magisterium AI s’est doté d’un comité consultatif scientifique, présidé par le jésuite canadien David Nazar, recteur de l’Institut pontifical oriental, à Rome. «Magisterium AI n’invente rien et fournit des citations pour que vous sachiez d’où proviennent ses réponses», précise Matthew Sanders.
Dans une longue analyse, le site catholique américain The Pillar a mis au défi Magisterium AI sur une série de questions pointues de théologie et de droit canon. Sans être ridicule, l’AI n’a pas été capable de surpasser la théologienne et le professeur de droit canon convoqués pour l’exercice. En théologie, l’intelligence artificielle obtient 1,5 point contre 6 à la professeur de théologie.
En droit canon, la machine est plus à la peine. Elle termine avec un zéro pointé face au professeur qui rafle les 4 points en jeu. A la question: ‘Une femme non-mariée âgée de 40 ans peut-elle devenir diacre ?’ Magisterium AI a omis de préciser dans sa réponse que selon l’article 1024 du droit canon ‘seul un homme (masculin) baptisé reçoit validement l’ordination sacrée’. A moins que l’intelligence artificielle ne soit douée d’un don de préscience? (cath.ch/mp)
Maurice Page
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