Le SCV est l’un des groupes religieux les plus connus et les plus controversés d’Amérique latine. Il a été fondé au Pérou dans les années 1970 par le laïc péruvien Luis Fernando Figari. Une première plainte formelle pour plusieurs motifs dont des abus sexuels sur mineurs avait été déposée contre ce dernier déjà en 2011 et 2013. En 2015, le Saint-Siège avait diligenté une première enquête canonique au sein de la société de vie apostolique à orientation charismatique. Des mesures ont aussi été adoptées par les autorités judiciaires du Pérou, à l’encontre du fondateur.
En janvier 2017, le SCV a publié un rapport selon lequel 66 personnes pouvaient être considérées comme victimes d’abus ou de mauvais traitements de la part de Luis Figari et d’autres membres du groupe, rapporte le 21 juillet 2023 le média anglophone Newsbook. Le SCV a alloué plus de 2,8 millions de dollars en fonds de réparation.
En janvier 2017, Luis Figari, exilé aux Etats-Unis, s’est fait signifier par le Vatican une interdiction d’avoir des contacts avec les membres de la société de vie apostolique et de rentrer au Pérou. Le SCV a été forcé d’entreprendre une réforme interne. Celle-ci a été cependant compliquée par plusieurs cycles de direction temporaire et de délégués nommés par le Vatican pour divers aspects du processus interne.
Les victimes ont qualifié ces interventions de largement inutiles, insistant sur le fait que rien n’a changé et que des individus corrompus au sein du groupe maintiennent toujours leur emprise sur le groupe, en particulier sur le domaine financier.
Une partie de l’épiscopat péruvien fait pression depuis longtemps pour que le Vatican envoie des enquêteurs sur place. Un pas finalement réalisé avec la mission de Mgr Scicluna, qui préside le conseil chargé d’enquêter sur les cas d’abus au sein de l’Église. A Lima, il sera assisté de l’Espagnol Jordi Bertomeu, l’autre enquêteur principal du Vatican.
Ils s’entretiendront avec les victimes ainsi qu’avec les dirigeants et les membres responsables du SCV. L’un des principaux motifs de l’enquête sera le harcèlement juridique dont font l’objet les journalistes qui ont révélé les abus du SCV par des organisations associées au groupe, ainsi que les allégations de corruption financière. Mgr Scicluna et Jordi Bertomeu prépareront un rapport qui sera remis au pape, lequel décidera de la marche à suivre. Un processus qui pourrait mener à la dissolution de l’organisation, une mesure que préconisent plusieurs membres de l’Église péruvienne. (cath.ch/newsbook/arch/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/mgr-scicluna-enquete-sur-le-sodalicio-au-perou/