Par Grégory Roth, de retour d’Algérie
L’Algérie est le plus grand pays d’Afrique, mais la majorité des habitants se concentre sur le Nord du pays et les côtes méditerranéennes. Bien avant eux et avant notre ère, Phéniciens puis Romains avaient déjà investi les lieux et laissé une trace de leur savoir-faire architectural.
La vingtaine de professeurs, chercheurs et doctorants qui ont pris part au circuit scientifique « Sur les traces de saint Augustin » du 17 au 29 juin 2023, organisé par le Département de Patristique de l’Université de Fribourg et l’Ambassade de Suisse en Algérie, ont visité plusieurs sites archéologiques majeurs, attestant de la présence numide, romaine, chrétienne, (latine, donatiste et byzantine), vandale, puis musulmane.
Le parcours algérien de saint Augustin, au 4e siècle, a été évoqué précédemment. L’antique cité de Madaure (actuelle M’Daourouch), dans laquelle il a étudié, remonte au 1er siècle, avec la fondation par les Romains de la plus ancienne académie africaine.
En ce qui concerne Hippone (actuelle Annaba), au nord-est de l’Algérie, où saint Augustin a fini sa vie, des traces de vie remonte au Paléolithique. « Plus exactement 58’000 ans », d’après l’archéologue du site. Mais sa fondation se situe, vers 2’000 ans av. J.-C., à l’arrivée des Phéniciens sur les côtes de l’océan Atlantique. Il reste des traces de forum, de marché et de termes.
« Nous rencontrons actuellement de nombreux algériens passionnés par leur histoire et leur archéologie », explique l’ambassadeur suisse Pierre-Yves Fux, co-organisateur du circuit. « Ils souhaitent les faire découvrir aux jeunes générations de leur pays. Et ce n’est pas seulement de l’art pour de l’art, mais il y a une véritable quête d’identité patrimoniale algérienne qui est en jeu ».
Dans la ville de Tébessa (anciennement Theveste) se trouve une basilique donatiste, dédiée à sainte Crispine, martyrisée par les romains en 304. En vieille ville, près du Temple romain de Minerve, l’ancienne église Notre-Dame du perpétuel secours, construite à la fin du 19e siècle, a été aménagée en musée.
La délégation fribourgeoise s’est rendue également un jour dans la commune de Ghardaïa, au cœur du désert, pour découvrir l’architecture typique de cette région, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Le site militaire romain de Lambèse est resté en bon état de conservation, malgré les aléas de l’histoire.
Idem pour le site de Djémila, antique Cuicul, l’établissement d’une ancienne colonie romaine fondée sous le règne de l’empereur Nerva (96-98 de notre ère).
A Timgad, surnommée la « Pompéi d’Afrique », à cause de son état de conservation impressionnant, le site fondé par l’empereur Trajan s’étend sur plus de 90 hectares. Il est composé d’une grande diversifications des édifices religieux : temples païens, capitole, églises chrétiennes et donatistes, for byzantin.
« Nous espérons que ce projet archéologique permettra de construire quelque chose de solide à proposer pour les touristes algériens ou étrangers », souhaite Khalil Moula, responsable de agence de voyage Nboujiw, qui a accompagné le groupe universitaire suisse. « Durant ce voyage, nous avons engagé un vidéaste, afin de visibiliser ce parcours sur nos réseaux. » (cath.ch/gr)
Une petite série algérienne
Pour approfondir le sujet, l’émission Hautes Fréquences consacre un dossier sur l’héritage de saint Augustin, à 19h sur RTS La 1ère, le dimanche 27 août 2023, fête de sainte Monique, et veille de la saint Augustin.
Grégory Roth
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/algerie-un-interet-archeologique-emergeant/