Le futur cardinal valaisan, le nonce apostolique Emil Paul Tscherrig a gardé des liens forts avec sa famille et son village natal d’Unterems. Kath.ch a rencontré son frère Benno qui exprime la fierté de ses proches après l’annonce de sa nomination.
Barbara Ludwig, kath.ch / traduction et adaptation Maurice Page
«Emil a appris à connaître le monde en tant que nonce. Il est malgré tout resté un homme très simple», raconte son frère Benno*. Après la surprise et la joie à l’annonce de sa nomination comme cardinal, il éprouve de la fierté pour son frère, «qui vient d’un petit village de montagne, d’une famille d’ouvriers et de paysans, et qui a réussi cette carrière de diplomate.»
«Je vois aussi dans cette nomination une appréciation et une reconnaissance des 45 ans que mon frère a passées au service du pape en tant que diplomate. Il a accompli beaucoup de choses dans cette fonction, aux quatre coins du monde.»
La surprise de la famille a été d’autant plus grande que ces dernières années, Emil «a toujours dit que c’était fini pour lui. Il voulait prendre sa retraite et en profiter. Il avait déjà des projets d’avenir sans le chapeau de cardinal. (…) «Il voulait faire quelque chose sans stress, lire, peut-être voyager. Pendant les mois d’été, il souhaitait vivre dans la maison familiale à Unterems, où il a encore un appartement. Il s’est imaginé pouvoir profiter de l’été en Valais. Et pendant les mois d’hiver, retourner à Rome ou quelque part dans le sud, où l’hiver est moins rude.».
«Mon frère revient chaque été pour quatre ou cinq semaines dans la maison familiale. Pendant cette période, nous avons des contacts très fréquents entre frères et sœurs». Divers membres de la famille a eu aussi l’occasion de lui rendre visite dans un ou l’autre pays ou il a été en poste, en Suède, en Corée du Sud et même en Mongolie.
Tous les frères et sœurs avec leur famille participeront au consistoire le 30 septembre à Rome, assure Benno. En tout une trentaine de personnes. «Nous sommes déjà en train d’organiser les nuits d’hôtel.»
Benno revient volontiers sur leur enfance: Emil était l’aîné d’une fratrie de huit enfants. Notre père était ouvrier et agriculteur à temps partiel. Il est mort très tôt, à 51 ans. Ma mère a alors dû subvenir seule aux besoins de ses huit enfants. Ce fut une période très difficile pour notre famille, au cours de laquelle Emil, l’aîné, était très sollicité. La période des années d’après-guerre était généralement très dure en Valais – même si nos familles nombreuses avaient suffisamment à manger.»
Emil «s’occupait surtout des soucis de notre mère. A partir de 1974, il était à Rome. Mais il a continué à l’aider pour les questions administratives. Il était un très grand soutien.»
Selon Benno, le chemin d’Emil vers la prêtrise était comme tracé d’avance. «Nous avions un oncle et un grand-oncle qui étaient prêtres. Dans notre famille, la tradition voulait qu’un des enfants choisisse la prêtrise. Lorsqu’il était jeune, mon frère était joyeux, enjoué, musicien. Très tôt, il a dit qu’il voulait devenir prêtre. Après le baccalauréat, alors qu’il avait 20 ans, cela s’est clairement dessiné. Pour nous, et surtout pour ma mère, c’était un grand honneur et une grande joie qu’il ait choisi de devenir prêtre.»
En tant que nonce Emil a été un «aventurier» dans le sens positif du terme, assure Benno. «Mon frère a vécu tellement de choses. Il a toujours été envoyé dans des pays qui connaissaient de gros problèmes. Emil a une expérience gigantesque et a traversé tellement d’aventures que l’on peut tout à fait utiliser le terme «aventurier». Mais pas dans le sens de quelqu’un qui prend des risques inconsidérés.»
«A la fin des années 1980, il était secrétaire d’ambassade en Ouganda. Idi Amin y régnait en maître. Nous n’avions plus de nouvelles d’Emil depuis longtemps. Ma mère était désespérée. J’ai alors réussi à prendre contact avec lui par l’intermédiaire du Vatican. Au téléphone, il m’a dit qu’on tirait autour de lui. Il se trouvait au milieu de la zone de combat.»
«Mon frère est très instruit et, en tant que nonce, il a appris à connaître le monde. Malgré tout, il est resté un homme très simple. Un homme comme vous et moi. Très modeste. C’est un ami et un frère d’égal à égal. C’est impressionnant. Mon frère est très communicatif et empathique, il sait écouter et aller à la rencontre des gens. Quand il rentre chez lui en Valais, beaucoup d’amis et de connaissances lui rendent visite. Il est resté un homme du peuple.» (cath.ch/kath.ch/bl/mp)
*Benno Tscherrig (70 ans) est le troisième frère d’Emil Tscherrig. Il est avocat et vit à Susten (VS). Benno Tscherrig est marié et père de trois enfants adultes.
Maurice Page
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