Mgr Fernández, un nouveau «gardien du dogme» de l’Église suivi de près

Futur cardinal et tout nouveau préfet du dicastère pour la Doctrine de la foi, Mgr Víctor Manuel Fernández est déjà sujet à de nombreuses critiques émanant de la Curie. Attendu sur certains sujets sensibles, comme l’homosexualité, ses positions sociales déplaisent aussi, avance-t-il dans une interview accordée le 11 juillet 2023 au Quotidiano nazionale de Bologne.

Nommé par le pape François à la tête du Dicastère pour la doctrine de la foi le 1er juillet 2023, Mgr Víctor Manuel Fernández, 60 ans, archevêque de La Plata (Argentine), prendra ses nouvelles fonctions en septembre. Il fait aussi partie de la liste des 21 nouveaux cardinaux présentée au Vatican le 9 juillet, qui seront créés le 30 septembre à la suite du Consistoire. À ses côtés sur la liste, se trouvent les noms de deux autres chefs de dicastères récemment nommés: Mgr Robert Francis Prevost, préfet du Dicastère pour les évêques, et Mgr Claudio Gugerotti, préfet du Dicastère pour les Églises orientales.

La nomination de Mgr Fernández en tant que futur «gardien du dogme» a déclenché un déluge de critiques au sein de la Curie, où certains remettent en doute ses capacités de théologien. Pourtant ce natif d’Argentine, que le pape François connaît bien, a fondé au milieu des années 1990 un centre de formation pour les laïcs, puis a dirigé pendant neuf ans l’Université catholique pontificale d’Argentine.

«Au Vatican, les critiques ont souvent tendance à penser que pour être valable, un théologien doit toujours s’appuyer sur la pensée allemande», déclare un proche de François dans le journal La Croix du 9 juillet. «C’est faux. Mgr Fernández est un vrai théologien. Mais aux yeux de ses critiques, il a un défaut: ne pas être Européen.»

Dans son escarcelle: les questions sociales et de genre

Parmi les centaines d’articles dont il est l’auteur, souligne encore le quotidien français, on trouve un fil conducteur: «le dialogue entre la théologie et la culture contemporaine, ainsi qu’une importance accordée aux questions sociales».

L’archevêque de La Plata a aussi été l’une des plumes principales d’Amoris Laetitia, l’exhortation sur la famille publiée en 2016, qui a provoqué de forts débats dans l’Église catholique, notamment à propos de la situation des divorcés remariés. Il est dorénavant attendu sur d’autres sujets «sensibles» qui figurent dans le projet de travail du Synode d’octobre, soit les prêtres mariés, la place des femmes dans l’Église ou celle des homosexuels.

Interrogé le 11 juillet par le Quotidiano nazionale à propos du Catéchisme de l’Église qui présente l’homosexualité comme «objectivement désordonnée», une définition «qui continue à blesser ceux qui vivent dans une condition sexuelle non choisie, ainsi que leurs familles», le futur cardinal a répondu: « C’est là l’un des problèmes du langage théologique. Il ignore parfois l’effet qu’il peut avoir dans le cœur des gens, comme s’il était indifférent à la douleur qu’il produit. Mais, comme vous le savez, ce n’est pas le cas du pape François, qui utiliserait sans aucun doute un langage différent.»

Le biais des intérêts économiques

À la question de savoir s’il a été marqué par les invectives, même personnelles, qui lui ont été adressées par les milieux traditionalistes depuis sa nomination, Mgr Fernández a répondu qu’il s’y attendait. «Ce n’est pas ce qui me préoccupe le plus, a-t-il ajouté. Il y a d’autres domaines dans lesquels des opérations sont menées pour nuire à l’image des personnes lorsqu’elles ne répondent pas à leurs intérêts idéologiques et économiques. Dans ce contexte, le message social de François est gênant. Et il ne s’agit pas exactement de ‘secteurs traditionalistes’.» (cath.ch/lb)

Lucienne Bittar

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