Né à Taiyuan (province de Shanxi) en mars 1944, Ren Yanli appartenait à la génération des «princes rouges», les enfants de la première génération de dirigeants communistes de la République populaire de Chine. Membre de l’Académie chinoise des sciences sociales et de l’Institut de recherche sur les religions du monde, il avait dirigé le Bureau de recherche sur le christianisme de l’Académie, approfondissant les études sur le concile Vatican II.
«Ses publications sont des références obligées pour les jeunes chercheurs chinois engagés dans des recherches sur l’histoire récente du catholicisme et de l’Église catholique en Chine», affirme l’agence fides. Avec lui disparaît un interlocuteur stimulant et apprécié des représentants du Saint-Siège qui suivaient les affaires de l’Église catholique en République populaire de Chine. Ses funérailles ont eu lieu le 4 juillet 2023.
Reni Yianli avait été interviewé en 2009 par 30Giorni, un magazine italien spécialisé dans la géopolitique ecclésiastique et la diplomatie vaticane, édité entre 1988 et 2012. Retraçant les différentes étapes par lesquelles l’Église catholique est passée dans la Chine communiste, le professeur y rappelait comment, au début de la République populaire de Chine, «le Vatican était considéré comme un ennemi politique de la nouvelle Chine». Ainsi, à la fin des années 1950, une tentative de rupture des relations entre les catholiques chinois et le Saint-Siège a-t-elle était menée.
L’idée était de «pousser l’Église chinoise sur la voie politique de l’indépendance et de la nomination autonome des évêques». Mais même à cette époque, remarquait alors Reni Yianli, «la pensée dominante des catholiques chinois était de rétablir, de la manière dont ils pouvaient le faire, la relation avec le Saint-Siège, le pape et l’Église catholique universelle».
Le professeur avait alors souligné que «le facteur décisif était la foi elle-même des catholiques chinois, laïcs et clercs». Cette foi du peuple a aidé à reconnaître le lien de communion hiérarchique reliant les catholiques au pape.
«Si le gouvernement veut que les évêques soient des pasteurs estimés et suivis par les fidèles, et qu’ils ne soient pas considérés comme des fonctionnaires isolés imposés de l’extérieur», il doit reconnaître que les catholiques, et les évêques en particulier, ne peuvent renoncer à vivre et à attester publiquement leur pleine communion avec le successeur de Pierre. Car «les catholiques chinois sont des catholiques comme les autres. Ils ont la même foi, ils lisent la même Bible, ils vont librement à l’église pour la messe, pour prier et recevoir les sacrements. Comme les autres catholiques, ils aiment leur patrie et veulent participer à la vie et à la modernisation de la Chine.» (cath.ch/fides/lb)
Lucienne Bittar
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