«L’orientation homosexuelle ne peut être considérée ni comme une cause ni comme un aspect typique de l’agresseur», écrit le cardinal italien dans la préface d’Il dolore della Chiesa di fronte agli abusi. L’ouvrage, sorti en mars 2023 en italien aux éditions Pazzini, comprend des contributions d’un certain nombre de théologiens catholiques, de psychologues et d’autres experts sur les abus sexuels commis par des membres du clergé.
De telles réflexions de la part de la deuxième personne la plus haut placée au Vatican «sont remarquables», note le journaliste Christopher White dans un article paru sur le site américain National Catholic Reporter (NCR), le 21 juin 2023. Les réflexions du cardinal Parolin vont également à l’encontre des affirmations d’un certain nombre de prélats et d’activistes conservateurs qui ont essayé à plusieurs reprises de lier les abus du clergé à l’homosexualité.
Les thèses du secrétaire d’Etat sont également cohérentes avec les principales découvertes scientifiques sur les origines des abus, relève Christopher White. Une étude réalisée en 2011 par le John Jay College of Criminal Justice, à la demande de la conférence épiscopale américaine, n’a établi aucune corrélation entre l’identité homosexuelle et les abus sexuels commis sur des mineurs. Le rapport n’a pas non plus conclu que les prêtres homosexuels étaient plus susceptibles d’abuser de mineurs que les prêtres hétérosexuels, ce qui est conforme aux conclusions d’autres études.
«Malgré les pressions exercées par un certain nombre de traditionalistes et de catholiques conservateurs, qui ont tenté d’établir un lien entre l’homosexualité et les abus commis par des membres du clergé et de faire pression en faveur d’une répression contre les prêtres homosexuels, le Vatican, sous l’égide du pape François, a rejeté cette association à plusieurs reprises», rappelle Christopher White.
En novembre dernier, pourtant, le président de la Conférence épiscopale américaine avait attribué à l’homosexualité la responsabilité de la crise des abus. «Je pense qu’il serait naïf de suggérer qu’il n’y a pas de relation entre les deux», avait affirmé l’archevêque Timothy Broglio lors de sa première conférence de presse après son élection en 2022.
Le Père jésuite Gerald McGlone, survivant d’un abus clérical et ancien psychologue en chef du Collège pontifical nord-américain à Rome, a réfuté également les allégations d’un lien entre l’homosexualité et les abus dans un article publié le 22 novembre dans la publication en ligne Outreach. «Aujourd’hui, nous savons que la majorité des pédophiles et des autres types de délinquants sexuels aux États-Unis sont des hommes blancs, mariés et hétérosexuels», écrit le jésuite. «Il serait illogique, un peu mal informé et potentiellement nuisible de suggérer que le fait d’être blanc, hétérosexuel ou marié joue un rôle dans la pédophilie ou les délits sexuels, voire en est la cause».
Dans la préface du nouveau livre, le cardinal Parolin propose une réflexion similaire. «Tout morcellement de la personne en une seule donnée de son histoire ou de sa personnalité représente une condamnation a priori lourde et injuste», assure-t-il. Pour le prélat italien, «il devient donc plus clair que le fléau des abus, à l’intérieur et à l’extérieur de l’Église, est plutôt lié à des personnalités disharmonieuses, gravement déficientes sur le plan émotionnel et relationnel».
Le cardinal rejette également le lien entre le célibat des clercs et les abus. Il appelle les séminaires et les instituts religieux à consacrer plus de temps et de ressources à l’examen psychologique des prêtres et à la formation de toutes les dimensions de la personne humaine, avant et après l’ordination. (cath.ch/ncr/arch/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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