Annalena Müller, kath.ch / traduction adaptation Maurice Page
Comment se fait-il que vous ayez assisté à la présentation du document de travail à Rome ?
Helena Jeppesen-Spuhler: Je dois faire un bref retour en arrière. En Suisse, nous prévoyons depuis longtemps une petite consultation sur le document de travail. Il s’agit de recueillir les réactions des différents groupes qui font partie de l’Église. Les délégués s’en serviront comme boussole pour le Synode mondial. Le bureau du synode était au courant de ce plan et a estimé que cette approche suisse devait être présentée plus largement.
Avez-vous pu consulter le document avant de rédiger votre déclaration ?
Non. Je n’ai vu le document que le jour-même. A ce moment-là, j’avais déjà rédigé ma déclaration.
«La synodalité est une pratique vécue depuis longtemps en Suisse»
Tant le document de travail que les déclarations des participants à la conférence de presse sont restés plutôt généraux. Vos avez proposé quelque chose de concret en parlant du système dual suisse (avec une structure civile qui complète la structure ecclésiale NDLR). Ce système est-il un modèle pour l’Église universelle?
Chaque Eglise locale est appelée à concevoir une Eglise participative dans son contexte spécifique. Le système dual s’est développé historiquement dans le contexte démocratique suisse, qui connaît un fort esprit coopératif et associatif. Cela a pour effet que la synodalité est une pratique vécue depuis longtemps en Suisse. Mais je doute que cela puisse être appliqué tel quel à d’autres pays et cultures.[…]
Le contenu du document de travail reste vague. Espériez-vous davantage?
Oui, j’aurais souhaité que le document soit un peu plus court et surtout plus précis. Le thème de l’inclusion des personnes queer et l’ordination des femmes ne sont pas ou peu présents dans le document. Mais la structure du document, avec les questionnaires annexés, permettra de bonnes discussions.
Lors de la conférence de presse, le cardinal Hollerich a esquivé la question d’une journaliste qui voulait savoir comment concilier l’inclusion des personnes queer et le respect du magistère. Comment l’avez-vous ressenti?
Le comportement méprisant et la question de la journaliste très traditionaliste lors de la conférence de presse ont été pour moi bien plus problématiques que la réponse évasive du cardinal Hollerich.
En octobre, des solutions doivent être trouvées à des problèmes concrets. Mais dès que l’on pose la question, les responsables reculent. De telles contradictions vous inquiètent-elles?
Je ne trouve pas mauvais que l’on parle d’abord des structures synodales et aussi des restrictions du droit ecclésiastique. Mais ces thèmes ne pourront pas être mis entre parenthèses en octobre. Le synode doit en fin de compte rester fidèle aux résultats de la consultation mondiale. Les thèmes figurent dans le questionnaire du document de travail.
«L’Eglise universelle ne peut pas se permettre de décevoir les croyants».
Vous estimez donc qu’il y aura des résultats concrets en octobre?
Oui. C’est sur cette base que travailleront de nombreuses personnes engagées dans le processus synodal. La convocation du processus synodal par le pape François a finalement aussi suscité des attentes chez les fidèles. L’Eglise universelle ne peut pas se permettre de les décevoir.
Vous avez assisté à l’Assemblée continentale à Prague. Serez-vous également présente au synode mondial à Rome?
Je ne le sais pas encore. Lors de la conférence de presse, il a été dit que la liste des 80 laïcs qui seront présents en octobre sera présentée le 30 juin. J’espère qu’il y aura beaucoup de noms de jeunes et plus de 50% de femmes. Mais je ne saurai pas non plus avant le 30 juin si mon nom y figure. (cath.ch/kath.ch/mp)
* Helena Jeppesen-Spuhler travaille pour l’œuvre d’entraide Action de Carême. Elle est également active au sein de l’alliance «Gleichwürdig Katholisch» et du «Catholic Women’s Council».
Rédaction
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