La première est relative aux qualités de notre système de santé. Des personnes qui seraient restées invalides il y a trente ans retrouvent aujourd’hui, grâce aux progrès de la chirurgie, une mobilité satisfaisante. Cela recouvre quelques dizaines de milliers de personnes par an dans notre pays (16000 prothèses rien que pour les genoux). Nous avons la chance de profiter d’un excellent système de soins. Faisons en sorte qu’il perdure dans le temps en ne gaspillant pas ses ressources et en renforçant son personnel soignant. Dans l’établissement valaisan que j’ai fréquenté, quasiment tout le personnel infirmier était étranger.
La seconde réflexion est relative à l’énergie et à la persévérance que mettent les personnes pour se soigner. En les observant dans la salle d’exercices, j’étais émerveillé par leur courage. Elles pratiquaient leurs activités avec minutie même si celles-ci les faisaient souffrir. Elles étaient là tous les jours. Cette salle était une école qui montrait le potentiel étonnant des personnes à poursuivre une démarche de vie.
Mais quelle que soit la qualité de l’infrastructure et de l’environnement, la qualité des relations humaines est essentielle. Relations avec le personnel soignant mais également avec les autres pensionnaires. Les personnes en mauvaise santé et isolées, qui sont obligées d’y faire des séjours réguliers, s’y construisent des amitiés et quittent les lieux en laissant derrière elles des souvenirs humains qui peuvent se perpétuer grâce à «Whatsapp».
«Grâce soit rendue à nos aumôneries qui exercent un service si précieux pour nos contemporains»
Enfin j’ai pu observer combien notre société est matérialiste. J’y étais durant la semaine sainte et j’ai cherché un lieu de recueillement dans ce bâtiment qui accueille plusieurs dizaines de patients. Je l’ai trouvé par hasard au fond d’un couloir au sous-sol. Il ressemblait plus à une cave qu’à un lieu de lumière. Une bible sur une table et un crucifix anonyme accroché au mur constituaient la seule décoration. Pendant la semaine sainte aucune rencontre n’était proposée et je n’ai pas pu recevoir la communion le jour de Pâques et les jours suivants.
Je vivais vraiment dans les périphéries, dirait le pape François. Dans la clinique en question, on soigne les corps et non les esprits. Or, pourtant, chacun sait que la spiritualité est un facteur de guérison. Et j’ai pu m’apercevoir, en discutant avec les unes et les autres, qu’un tel séjour de longue durée et les soins qui l’accompagnent sont source de questionnement profond pour les personnes. Une permanence d’aumônerie dans ce lieu de quelques heures par semaine serait un bienfait pour les âmes et les corps.
Ce long isolement me fait apprécier par contraste les bénéfices retrouvés de la messe du dimanche et les contacts noués avec telle ou telle communauté. J’ai pu observer que certains lieux de convalescence dans nos cantons sont des déserts spirituels où les personnes sont livrées à elles-mêmes sans berger. La présence de visiteurs bénévoles fait cruellement défaut. Grâce soit rendue à nos aumôneries qui exercent un service si précieux pour nos contemporains.
Jean-Jacques Friboulet
7 juin 2023
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