Celles et ceux qui écoutaient Jésus, ce jour-là, n’auront sans doute jamais oublié ses propos choquants et presque intolérables. «Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger?» Ils avaient compris le pire sans entrer dans le mystère auquel Jésus les invitait. «Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle.» Cette Parole contient pourtant tout l’Évangile. Vivre de la vie de Dieu, c’est l’annonce que Jésus lui-même ne cesse de proclamer tout au long de son ministère. Cette vie de Dieu n’a rien à voir avec la vie mondaine de ce monde. Elle est vie pour le monde, vie donnée au monde sans conditions.
Pourtant, la question soulevée par les paroles de Jésus met en lumière notre vraie faim. Bien sûr, notre faim de nourriture mais plus encore cette faim tenace qui forme le désir le plus secret. Faim d’amour, faim de justice, de paix! Faim de relation vraie, faim de sens à ma vie, faim d’infini, faim de Dieu encore. Qui pourra répondre à nos faims, celles qui donnent à la vie ce surcroît de lumière et de joie? Qui mieux que le Christ, et grâce à Sa parole, saura révéler nos faims les plus profondes? Ce que nous donne Jésus, le Christ, sa chair et son sang, n’est autre que lui-même. Sa vie pour nous. D’ailleurs, tout en Lui manifeste ce don ou plutôt cet abandon pour que nous ayons la vie en abondance.
«L’Eucharistie conduit toujours celles et ceux qui la célèbrent vers leurs sœurs et leurs frères affamés de toutes sortes de faim.»
Une fois encore, ce dimanche, nous est révélé le dessein du Père. Si Jésus vit de l’Amour du Père qui l’a envoyé pour nous faire connaître ce même Amour, alors nous aussi, en recevant le don du Christ, nous devenons des vivants pour toujours. La vie éternelle n’est pas d’abord une promesse, elle est la réalité dans l’aujourd’hui, donnée gratuitement par le Christ.
Jésus va plus loin encore: «Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel: si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde.» Si l’Eucharistie vivifie nos existences de la vie même du Christ, c’est pour qu’à notre tour nous vivifions nos lieux de vie, de la vie du Christ. C’est pour cela qu’à la fin de chaque messe, le célébrant nous envoie: «Allez dans la paix du Christ!» Cet envoi est une mission pour vivifier le monde qui a faim de Dieu. Cette faim de Dieu se dit dans tous les efforts et les initiatives qui favorisent la paix, défendent la dignité humaine et luttent pour plus de justice. L’Eucharistie conduit toujours celles et ceux qui la célèbrent vers leurs sœurs et leurs frères affamés de toutes sortes de faim.
Manger la chair du Fils de l’homme est un acte prophétique et révolutionnaire en même temps. Pour celle et celui qui mange ce Pain vivant, c’est l’acte qui humanise le monde en l’aimant avec le Christ pour qu’apparaisse une terre nouvelle et un ciel nouveau.
Bernard Miserez | Vendredi 9 juin 2023
Jn 6, 51-58
En ce temps-là,
Jésus disait aux foules des Juifs :
« Moi, je suis le pain vivant,
qui est descendu du ciel :
si quelqu’un mange de ce pain,
il vivra éternellement.
Le pain que je donnerai, c’est ma chair,
donnée pour la vie du monde. »
Les Juifs se querellaient entre eux :
« Comment celui-là
peut-il nous donner sa chair à manger ? »
Jésus leur dit alors :
« Amen, amen, je vous le dis :
si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme,
et si vous ne buvez pas son sang,
vous n’avez pas la vie en vous.
Celui qui mange ma chair et boit mon sang
a la vie éternelle ;
et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
En effet, ma chair est la vraie nourriture,
et mon sang est la vraie boisson.
Celui qui mange ma chair et boit mon sang
demeure en moi,
et moi, je demeure en lui.
De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé,
et que moi je vis par le Père,
de même celui qui me mange,
lui aussi vivra par moi.
Tel est le pain qui est descendu du ciel :
il n’est pas comme celui que les pères ont mangé.
Eux, ils sont morts ;
celui qui mange ce pain
vivra éternellement. »
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