Par Bernard Litzler, pour cath.ch
Jeudi soir, église Ste-Bernadette de Lourdes. Les 79 chanteuses et chanteurs de la Chorale de la Suisse romande ont revêtu leur tenue de gala: costumes noirs et foulard bleu du meilleur effet. Le concert marque un point d’orgue du Pèlerinage de mai. Avec un répertoire reflétant la diversité musicale du Pays romand: pièces liturgiques, airs de Joseph Bovet, de Pierre Kaelin et même de Jean Scarcella, le Père-Abbé de St-Maurice, qui participe au Pèlerinage printanier 2023.
Entre deux pièces d’orgue du virtuose martignerain Edmond Voeffray, la chorale chante et enchante. A l’issue de la prestation, des applaudissements nourris viennent saluer ses efforts. Car la semaine de Pèlerinage est éprouvante: 10 célébrations, entre messes, processions, sacrements de la réconciliation et des malades, et les répétitions.
«C’est une expérience chouette. Mais c’est un marathon, car on est prises toute la semaine entre les répétitions et les célébrations», relève Marie-Noëlle Rolle, de Nyon. «Mais il y a une bonne humeur, une joie de chanter ensemble, de faire plaisir à ceux qui sont là, en premier lieu les malades. J’y ai déjà chanté à l’âge de 16 ans, puis l’an passé et encore cette année».
Myriam Torche, de Travers, renchérit: «J’ai d’abord été à l’Hospitalité pendant huit ans et j’y ai vécu des miracles quotidiens avec des personnes qui sont toujours aux premières places. L’an passé, j’ai choisi la chorale car j’aime chanter. Et ce n’est que du bonheur».
«Quand on chante à quatre voix, c’est tout de suite beau»
Chanteuse pour la deuxième année consécutive, elle apprécie la qualité des relations entre choristes: « On est accueillie à bras ouverts. Le premier week-end de répétition en Suisse, on reçoit un classeur d’un kilo et demi. Puis on répète et à la fin, on sait presque tout. Et quand on chante à quatre voix, c’est tout de suite beau ».
Président de la chorale, le Valaisan Laurent Courtine, de Granges, y chante depuis neuf ans: «J’ai commencé avec Anne-Françoise Andenmatten-Sierro, la directrice du chœur de mon village. Elle m’a invité. Au départ je pensais ne rester qu’une année. En fait, j’y ai pris goût et je reviens chaque année». Le président a succédé à Jean-Jacques Bardet, atteint par la maladie.
«Cette année, il y a 14 nouveaux choristes, qui s’ajoutent à la quinzaine de nouveaux de l’an dernier»
Mgr Rémy Berchier, le directeur du Pèlerinage, le convainc alors de prendre la responsabilité de la chorale. Le comité fait les convocations, tient à jour le fichier des membres, organise les classeurs avec les partitions. Des tâches distribuées entre le secrétariat, le Bulletin interne Trait d’Union, la caisse, l’intendance. Et la charge n’est pas négligeable: «Cette année, confie Laurent Courtine, il y a eu 14 nouveaux. Avec la quinzaine de nouveaux de l’an dernier, cela représente presque le tiers de notre effectif. J’ai eu des soucis au niveau de l’intégration, mais ça a été formidable».
Les cantons de Fribourg et du Valais alimentent principalement le chœur, puis viennent le Jura, Genève, Vaud, etc. L’équilibre vocal fonctionne bien, avec 24 hommes et 55 femmes, «mais il manque encore quelques ténors».
Directeur du chœur et du Centre romand de Pastorale liturgique (CRPL), Emmanuel Pittet est aux commandes pour la deuxième année consécutive. Il a succédé à Michel Joliat et à Anne-Françoise Andenmatten-Sierro. Le choix de près de 50 morceaux, les prestations répétées et les répétitions n’ont pas entamé la sérénité du jeune chef de 39 ans. Son côté zen n’empêche pas la rigueur dans l’exécution.
«La force de ce chœur, c’est que les choristes ont l’habitude de chanter dans un chœur paroissial»
«La force de ce chœur, c’est qu’ils ont l’habitude de chanter dans un chœur paroissial. Ça aide car beaucoup de chants sont connus, indique le chef fribourgeois. De plus, certains membres sont eux-mêmes directeurs de chœur et ainsi, on peut déchiffrer plus rapidement. Comme le travail est court, il faut être vigilant en amenant des morceaux intéressants à mettre en place en peu de temps».
«On ne va pas tout réinventer chaque année, mais l’idée est de renouveler le répertoire petit à petit. Un des choristes – c’est une chance – prépare des fichiers de travail audio, ce qui permet de travailler chez soi».
Le programme liturgique se construit progressivement, après la rencontre des directeurs de pèlerinage, en février de chaque année. Mgr Berchier transmet au chef le thème de l’année lourdaise («Dites aux prêtres de construire une chapelle et d’y venir en procession» pour 2023). Les célébrations sont ensuite organisées, une par une, par l’équipe liturgique avec des propositions de chants. Le tout est affiné avec les choristes durant le travail de préparation d’un week-end et de trois samedis.
«C’est une joie d’arriver, en si peu de temps, à prendre un répertoire simple, mais pas simpliste»
«C’est une joie d’arriver, en si peu de temps, à prendre un répertoire simple, mais pas simpliste, dit Emmanuel Pittet. Et ensuite interpréter des pièces plus complexes qui nourrissent aussi nos chanteurs. Cette année, par exemple, on a travaillé une pièce de Mgr Scarcella, Ohé l’enfant, qui nous a demandé un peu plus de travail.»
Nouveau en 2023, le ténor jurassien Denis Noirjean, des Pommerats, se dit conquis: «La chorale, c’est vraiment une famille. C’est une chance extraordinaire de chanter dans un grand groupe, car dans notre chorale de village, je suis le seul ténor. Chanter ici, c’est un cadeau aux pèlerins, aux malades et aussi à nous. Quelle chance que ce groupe homogène de 80 personnes. Cette première expérience est très concluante: en entrant dans la chorale, il est difficile d’en sortir…»
«En entrant dans la chorale, il est difficile d’en sortir»
Autre nouvelle, Claudine Rossier, de Corbières (FR), abonde dans le même sens: «C’est incroyable, avec des moments magiques. Je me suis réconciliée avec une certaine foi». Vivre cette collégialité entre tous, c’est juste merveilleux. J’ai été intégrée tout de suite et j’ai eu la chance de faire partie du petit chœur». Alexandra Oberson, de Bulle, est venue pour quatrième fois: «La chorale, ce n’est que du bonheur. Aujourd’hui, j’ai pris le dernier chant avec grand regret», avoue-t-elle, le dernier jour du Pèlerinage. (cath.ch/bl)
Rédaction
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